Avant de porter plainte contre Sitor Ndour pour viol sur son employée de maison de 16 ans, la mère de la victime présumée a eu une conversation téléphonique avec le mis en cause. Elle avait pris le soin d’enregistrer l’appel. Libération a repris la retranscription de la conversion, qui est inscrite dans le procès-verbal de la gendarmerie. Nous vous proposons ci-dessous l’essentiel des échanges, qui se sont déroulés, selon le journal, en sérère.
Sitor Ndour : Je vous donnerez tout ce que vous demandez.
Ndira Dione : Je ne suis pas la seule habilitée à prendre cette décision. J’ai appelé son père et lui ai expliqué les faits. Il m’a dit que s’il n’était pas en voyage il serait immédiatement venu à Dakar. Adama (la victime présumée, Ndlr) n’est pas un enfant, elle était chez toi pour travailler. Elle m’a expliqué ce qui lui est arrivé et je l’amènerai à l’hôpital.
Sitor Ndour : Ne dîtes pas cela. Je suis une autorité dans ce pays. Si cette histoire est connue, je suis foutue. Mon nom sera partout. C’est pourquoi tout ce que vous pensez comme dommage et intérêt, vous me le dîtes. Si je l’ai, je vous le donne tout de suite. Dans le cas contraire, je vais le chercher.
Ndira Dione : Avant tout, je veux savoir la vérité : est-ce que tu as, oui ou non, abusé de ma fille ?
Sitor Ndour : Adama est venue me montrer sa main en pleurant. Mais je ne lui ai rien fait. Je vous le dis : aucun homme n’a couché avec elle. Je le dis deux fois. Je t’en supplie… Il ne faut pas que cette histoire soit connue, sinon ma vie est foutue. Je suis une autorité. Je suis prêt à vous donner tout ce que vous désirez si vous laissez tomber cette affaire. Et cela restera entre nous. Une autorité m’a dit que si les faits atterrissent à la gendarmerie, les journaux et les radios seront au courant. Que vous ayez raison ou pas, je serai déshonoré. C’est ce que je ne veux pas. Je te demande de parler avec son père. Quant à moi, mon téléphone ne sera jamais éteint. Vous pouvez m’appeler… Je suis disponible pour vous rencontrer afin qu’on puisse s’asseoir et parler. J’irai chercher tout ce que vous me demanderez, je veux que vous m’aidiez.
Ndira Dione : Attends, j’appelle son père.
Sitor Ndour : Tu es la maman d’Adama… C’est toi qui a donné la vie, tu es plus atteinte. Son papa, si tu lui parles sincèrement il sera de ton côté.
Ndira Dione : Je vais en parler avec lui parce que mon petit-frère et ma tante étaient avec moi à l’hôpital. Je leur ai expliqué tous les détails et tout ce que les médecins ont dit. Par la suite, mon petit-frère m’a dit que dès demain, nous partirons à la brigade de gendarmerie de la Foire pour déposer une plainte.
Sitor Ndour : Tout cela n’en vaut pas la peine, je t’en supplie. Parle avec eux, je t’en supplie encore.
Ndira Dione : Ok, attends, j’appelle son papa. Il sera là normalement demain au plus tard.
Après cette conversation téléphonique, Ndira Dione a porté plainte. Sitor Ndour a été arrêté hier, mercredi, par la gendarmerie de la Foire et déféré le même jour. A la faveur d’un retour de parquet, l’ancien directeur général du COUD a passé la nuit au commissariat central de Dakar. Il sera fixé sur son sort ce jeudi.
Le responsable de l’APR risque gros. Une information judiciaire a été ouverte et son dossier est confié au juge du deuxième cabinet. En plus, le procureur a requis le mandat de dépôt.
Joint après que la mère de la victime, Ndira Dione, l’a accusé sur notre site d’avoir violé sa fille, Sitor Ndour avait nié les faits. Laissant entendre que cette affaire est une entreprise de chantage et d’extorsion de fonds. Il a d’ailleurs porté plainte pour diffamation contre son accusatrice.