Sentract – Suite de notre série de reportages « Un enfant à tout prix », titre Rfi… Au Sénégal, une série télévisée s’attaque au tabou de l’infertilité, et plus globalement aux problématiques liées à la maternité. Yaay 2.0, qui signifie « mère » en wolof, est diffusé depuis fin mai. Un projet lancé par Kalista Sy, scénariste et productrice de la série à succès Maîtresse d’un homme marié. Avec le même objectif : donner la parole aux femmes.
Kala et Sandiéry forment un couple presque parfait. Beaux, brillants, amoureux, mais après 3 ans de mariage, ils n’arrivent pas à avoir d’enfant. Un sujet délicat dont s’est emparé Kalista Sy :
« Au Sénégal ou en Afrique, quand un enfant n’arrive pas dans un couple, pour beaucoup, c’est à cause de la femme. Cet enfant, c’est l’enfant de la société, c’est un enfant qui atteste de la fertilité de l’homme, et que la femme est dans son rôle de reproductrice ».
C’est l’acteur Roger Sallah qui joue le personnage de Sandiéry. Durant plusieurs épisodes, il refuse d’aller consulter.
« Sandiéry, je dirai que c’est un homme qui a peur de découvrir qu’il est infertile. Cette peur le ronge, sa virilité est mise en cause, alors que non, il y a virilité et fertilité. C’est typique de l’homme sénégalais. Je m’adresse aux hommes sénégalais en incarnant le personnage de Sandiéry. Je leur dis : « eh les gars, réveillez-vous, et prenez soin de vos femmes ! » », explique le comédien.
Dans la série, les mères et belles-mères sont omniprésentes : avec des rendez-vous chez les marabouts, breuvages et autres amulettes. Une pression permanente. Une réalité, souligne Kalista Sy, « les mariages, quoi que l’on dise, sont tenus par les mères. Elles ne se rendent pas compte de ce que c’est pour un couple d’avoir cette intrusion dans leur vie intime ».
Autour du couple principal, d’autres femmes et d’autres parcours : Dibor, belle carrière et toujours célibataire, Mouna, mère de famille nombreuse et sans ressources, ou encore Réla, jouée par la comédienne Anna Guèye, rejetée par son mari.
« Son enfant est atteint de trisomie 21. Pour sa famille, elle est responsable du handicap de son fils, parce que selon sa belle-mère, elle s’habillait n’importe comment, elle mangeait n’importe quoi. Il y a des femmes sénégalaises qui vivent réellement ce que vit Réla dans la série. La série, qui va parler de leur situation, qui leur donne une voix, c’est très intéressant. On reçoit beaucoup de témoignages, il y a beaucoup de commentaires sur YouTube. On espère pouvoir éveiller les consciences encore plus », explique Anna Guèye.
Une série engagée et audacieuse. Avec 32 épisodes au total, Yaay 2.0 sera diffusée jusqu’en septembre. On peut notamment retrouver la série sur YouTube, en wolof, sous-titrée en français.