SENtract – La junte au pouvoir depuis un an en Guinée a réfuté toute implication de la garde présidentielle dans la mort par balle de deux jeunes lors d’une journée de contestation mercredi.
« Les rumeurs faisant état de coups de feu tirés à partir du cortège présidentiel sont fausses et infondées », a déclaré le porte-parole de la présidence dite de transition, le colonel Amara Camara, dans un communiqué publié vendredi soir, rapporte l’AFP, auteur de cette relation. Le Front national pour la défense de la Constitution (FNDC), collectif qui avait appelé à manifester ce jour-là, a accusé sur les réseaux sociaux la garde du chef de la junte, le colonel Mamady Doumbouya, d’avoir abattu Oumar Barry, 17 ans, et Ibrahima Baldé, 19 ans, alors que son convoi traversait la banlieue de Conakry, en proie à des heurts.
Le trajet présidentiel s’est déroulé « sans encombre, aucun incident n’ayant été enregistré », a assuré le porte-parole de la présidence. La présidence exprime son « affliction » et assure que « toute la lumière sera faite » sur les évènements. La journée avait donné lieu dans la banlieue de la capitale et certaines villes de province à des troubles et des rassemblements sporadiques.
Le FNDC, coalition de partis, syndicats et organisations de la société civile, avait appelé à se mobiliser pacifiquement malgré l’interdiction de toute manifestation édictée le 13 mai par la junte et la décision de cette dernière de dissoudre le collectif la semaine précédente.
Le colonel Doumbouya, qui a renversé le président Alpha Condé en septembre 2021 et s’est depuis fait investir président, s’est engagé à remettre le pouvoir à des civils élus dans un délai de trois ans. Le FNDC, qui porte la contestation, et ce qui reste de l’opposition dénoncent une confiscation du pouvoir, la répression des voix discordantes et une instrumentalisation de la justice.
Le ministre de la Justice Charles Alphonse Wright, qui a reçu des proches de l’un des jeunes décédés, Oumar Barry, leur a promis que « justice sera rendue », selon une déclaration lue vendredi par le porte-parole du ministère, Yaya Kairaba Kaba. Mais il a ajouté que « ceux qui ont appelé à la manifestation répondront également devant la justice ».
Il s’est dressé contre toute « manipulation de l’opinion », incitant la famille à ne pas instrumentaliser la dépouille du défunt. « Le corps vous sera restitué au temps opportun », c’est-à-dire après l’autopsie, a-t-il dit.
La Guinée est coutumière de telles violences, dont les circonstances demeurent souvent obscures. Cinq personnes avaient été tuées lors de manifestations les 28 et 29 juillet à l’appel du FNDC. Les défenseurs des droits dénoncent de longue date les excès des forces de sécurité et l’impunité dont elles bénéficient.