[Revue de Presse] Comment les journaux africains réagissent à la mort d’Elisabeth II

Elisabeth II, soir de bal à Accra, dans les bras de l'alors président ghanéen Kwamé Krumah

SENtract- Elizabeth II l’Africaine? Vibrant hommage, naturellement, de la presse anglophone, mais aussi de la francophone. Témoin, en République démocratique du Congo, la Une du journal Le Nouvel Observateur. « La reine Elizabeth II a tiré sa révérence !!! », peut-on y lire. Ce journal kinois rappelle qu’à l’occasion du dernier jubilé de la reine, la Chargée d’affaires du Royaume-Uni en RDC a souligné le fait qu’au cours du règne d’Elizabeth II, « le Royaume-Uni a mis fin au colonialisme qui a causé du tort à plusieurs nations ». Au Burkina Faso, le journal Aujourd’hui évoque le voyage de la reine au Ghana, en 1961 « contre l’avis du palais et de la presse britannique. Et pour cause, une semaine avant ce déplacement, Kwame Nkrumah avait été victime d’un attentat. En outre, Kwame Nkrumah était taxé de satrape qui emprisonnait ses opposants. Malgré tout, Queen Elizabeth II fera le voyage dans l’ex-Gold Coast et sera bien accueillie par les populations et réussira même à empêcher la sortie du Ghana du Commonwealth. En outre, elle pèsera de tout son poids pour que les États-Unis d’Amérique qui voulaient geler leurs aides au Ghana (pour proximité avec la Russie) reconsidèrent leurs positions et à poursuivre le financement des projets (comme le barrage de la Volta) ». « L’Afrique pleure « sa » reine ! », enchérit le quotidien WakatSera.

« Sa reine » ? « Certes, la presque centenaire (…) n’était pas une reine africaine, mais c’est en Afrique qu’elle est devenue reine d’Angleterre, rappelle ce journal ouagalais. C’est alors qu’elle séjournait au Kenya que son époux, le prince Philip avec qui elle a partagé presque toute son existence, lui a annoncé la mort de son père, le roi Georges VI, emporté par un cancer de poumon. Elizabeth n’avait que 25 ans ! » Dancing queen Souvenirs, souvenirs, encore avec des pas de danse dans les bras de Kwame Nkrumah. C’était il y a pile 61 ans. Et WakatSera n’a pas davantage oublié. Elizabeth II « va même oser briser bien des mythes, s’offrant au passage une danse dans les bras du panafricaniste célèbre, le Ghanéen Kwame Nkrumah (…) Et ce n’était que le début de la fin de bien des tabous, la reine d’Angleterre ayant opté de se rendre en Zambie, en 1979 malgré l’opposition de la Première ministre britannique de l’époque, Margaret Thatcher, la « Dame de fer ». Ce sera, du reste, l’occasion pour la reine Elizabeth II de renforcer ce lien avec l’Afrique et de mettre en exergue son aversion pour les inégalités et la ségrégation, en présidant la signature de la Déclaration de Lusaka sur le racisme et les discriminations. Et pour marquer ce refus contre l’apartheid, la reine de la longévité, de la santé et qui a bien vieilli en menant le bon combat, ne mettra pas les pieds pendant une quarantaine d’années en Afrique du Sud où le régime de l’apartheid, qui a fait de l’oppression des noirs son sens d’exister, faisait la pluie et le beau temps. Cependant, la reine et le leader de l’ANC, Nelson Mandela, se vouaient une considération mutuelle », énonce WakatSera.

En Côte d’Ivoire, l’annonce du décès de la reine d’Angleterre est hissée à la Une des quotidiens Fraternité Matin, Le Patriote, L’Inter, Dernière Heure Monde, Le Nouveau Réveil, Le Bélier, Notre Voie ou encore Le Miroir.

Au Sénégal, les quotidiens EnQuête et 24 Heures signalent aussi en Une la disparition d’Elizabeth II, 24 Heures pointant les condoléances du président Macky Sall, qui a notamment salué le « parcours exceptionnel d’une illustre défunte ».

Il y afort à parier que la presse africaine ne sera pas aussi dithyrambique sur le couronnement du palôt ex-Prince Charles, devenu Charles III

Sentract