Sentract, Tract du Sénégal- Le départ de Matar Ba du ministère des Sports a suscité beaucoup de commentaires à Fatick. Depuis la publication de la liste des membres du nouveaugouvernement, les inconditionnels du maire de Fatick ruent dans les brancards en dénonçant son éviction du gouvernement. Toutefois, certains observateurs estiment que l’ancien locataire de la Zone B a commis des erreurs qui lui ont été fatales. Ils lui reprochent en effet de peiner à fédérer tous les responsables de la coalition présidentielle dans la commune de Fatick. Sur le plan institutionnel, la mauvaise qualité voire l’insuffisance des infrastructures sportives, les marchés de gré à gré… auraient poussé le président Macky Sall à se séparer de son «maire».
Ministre des Sports depuis huit ans, Matar Ba va passer, aujourd’hui, le témoin à Yankhoba Diattara du parti Rewmi. Son limogeage du gouvernement est mal digéré par ses sympathisants qui ont assailli les réseaux sociaux depuis dimanche pour déverser leur bile, mais aussi exercer une certaine pression sur le chef de l’Etat. Leur argumentaire : «Matar Ba a ramené la coupe d’Afrique au Sénégal ; il doit, quoi qu’il arrive, aller au mondial de football au Qatar». Une pétition a même été lancée pour faire revenir celui que les sympathisants et militants appellent «Le Puma du Sine».
Il faut dire que la décision du président Macky Sall de limoger Matar Ba a été particulièrement surprenante pour de nombreux observateurs. Mais force est de souligner que cette mesure n’est pas fortuite.Des sources proches
du chef de l’Etat renseignent que ce dernier nourrissait depuis quelque temps le désir de se séparer de «son maire». Cela, à cause des nombreuses listes parallèles qui se sont manifestées lors des dernières élections locales lorsque l’ancien ministre des Sports a été désigné tête de liste de la coalition Bby pour la mairie de Fatick. Le président Sall se serait rendu compte que Matar Ba n’était pas en mesure de fédérer les forces politiques de Fatick comme il le souhaitait. C’est ce qui avait motivé d’ailleurs le déplacement de Macky Sall pour sauver les meubles en faisant rentrer dans les rangs certains responsables frustrés. Malgré l’intervention du locataire du Palais, Bby avait obtenu les pires scores de l’histoire des élections locales à Fatick avec seulement 37%. Un résultat que le président Sall aurait encore en travers de la gorge. En outre, depuis dix ans, en dehors des programmes de l’État, il n’existe aucun autre projet structurant émanant de l’équipe municipale de Fatick.
Autre grief : l’indifférence affichée récemment par le maire Matar Ba lors du décès de l’imam Ratib de la grande mosquée de Fatick, Mouhamadou Mbengue qui a fait plus de quarante ans d’imamat.Un homme que le chef de l’Etattenait en grande estime. D’ailleurs, dès qu’il a appris la nouvelle, Macky Sall est allé assister à la prière mortuaire au moment où le maire de Fatick se prélassait à Dakar. Une situation qui a révolté le président de la République. Sur le plan institutionnel, les observateurs évoquent la mauvaise qualité des infrastructures sportives alors que de gros moyens financiers ont été débloqués, sans compter le déficit d’infrastructures sportives dans la capitale avec la non-fonctionnalité des stades Demba Diop, Léopold Sédar Senghor et Iba MarDiop depuis plus de cinq ans. Il s’y ajoute que pendant huit ans, il n’y a eu aucune réforme alors que les techniciens et experts ont réfléchi sur les textes, notamment le code du sport, le statut du sportif de haut niveau et la réforme du sport scolaire et universitaire. En plus, les conventions d’objectifs n’ont pas eu d’effets, car les fédérations n’ont reçu qu’une seule fois l’enveloppe alors que cette rubrique a toujours figuré dans le budget du ministère. Les marchés de gré à gré avec l’entrepreneur Mbaye Faye ont aussi beaucoup pesé sur la balance. Ce sont tous ces manquements qui auraient emporté le ministre Matar Ba, relate l’As.
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