Sentract, Tract du Sénégal- Voici la tribune d’Oumou Wane, directrice générale de la télé Africa 7 :
Dans les divorces, le plus difficile c’est la garde des enfants et dans le cas des ruptures en politique, il s’agit bien sûr des électeurs. Malheureusement, on recense les mêmes scènes de séparation, aussi tragiques, dans les couples et dans les familles politiques. Ils se sont connus, ils se sont aimés, mais l’amour ne dure pas toujours.
Enfin quand même, qui pourrait croire qu’entre Mimi et Macky, il puisse s’agir d’un désamour profond, que la confiance puisse être définitivement morte ?
Bien entendu, les querelles de leadership dans les partis politiques existent et ce n’est pas la première fois, loin s’en faut, qu’Aminata Touré se rebelle contre ce qu’elle considère être une injustice à son égard.
L’ancienne Première ministre de Macky Sall, qui l’avait rejoint en campagne et participé dès 2011 à la rédaction de son programme pour 2012, puis était entrée dans son premier gouvernement, celle qui a eu le parcours que l’on connaît depuis pour devenir au fil des ans une figure tutélaire du pays, est une forte tête de la mouvance présidentielle. Rompre avec une personnalité de premier plan n’est jamais facile pour une famille politique.
Lors d’une conférence de presse ce 25 septembre 2022, l’ancienne Première ministre signifie vouloir siéger en qualité de députée non inscrit à l’Assemblée nationale. Aminata Touré l’affirme elle-même : « en politique, l’ambition n’est pas un délit ». Mimi considère qu’elle a tout consenti à son mentor. Elle a surtout dû céder en novembre 2020 sa place à Idrissa Seck à la tête du Conseil économique, social et environnemental. Et c’est cette blessure mal cicatrisée qui s’est réouverte aujourd’hui.
En effet, après avoir participé au leadership de Macky Sall en menant la bataille des législatives de juillet 2022, quelle ne fut pas sa colère, lorsqu’on lui préféra Amadou Mame Diop pour présider l’Assemblée nationale.
S’il est évident que le changement des hommes et des femmes ne suffit pas pour changer la politique, avec de tels états de service et après plus de dix années de bons et loyaux offices au sein de la majorité présidentielle, il serait regrettable pour le pouvoir de laisser Mimi s’envoler désormais de ses propres ailes, d’autant que pour un leader politique, mieux vaut l’avoir avec soi plutôt que contre soi.
Quoi qu’il en soit, il est certain qu’Aminata Touré à un rôle à jouer dans l’avenir politique de notre pays.
Pour l’heure, le nouveau gouvernement formé sous la direction d’Amadou Ba, nommé Premier ministre par le chef de l’État se dit « de combat ». Il devra relever les défis soulignés par Macky Sall lui-même, parmi lesquels le pouvoir d’achat, l’emploi et le logement entre autres.
Autre personnalité de premier plan au CV impressionnant, Amadou Ba est un technocrate de haut vol, qui a occupé la tête de la direction générale des impôts et fut ministre de l’Economie et des finances, puis ministre des Affaires étrangères. Parmi les fidèles compagnons politiques du président au sein de l’APR, il en est l’un de ses membres les plus influents. Aujourd’hui sa patience est récompensée. Mais pour Macky Sall, l’enjeu va plus loin que de s’assurer d’avoir un fidèle lieutenant au plus près de lui.
Amadou Ba est quelqu’un de technique autant que politique. La configuration actuelle demande beaucoup de sens politique pour gouverner. Il était donc l’un des bons profils, solide et fiable, pour être à la tête de ce nouveau gouvernement dit « de combat ».
Ajoutons que ce nouveau gouvernement plus « offensif », qui inclut davantage de jeunes ministres, est destiné à combattre les différentes oppositions en réinventant l’image de la gouvernance.
Souhaitons donc bonne chance à Amadou Ba comme Premier ministre et laissons-le travailler sans être tenté d’en faire de suite un dauphin potentiel pour la présidentielle de 2024. Pour l’heure, Macky Sall reste le seul maître à bord mais s’il a rétabli le poste de Premier ministre c’est bien qu’il ne vise pas une conduite solitaire du pouvoir. Il sait désormais qu’il a besoin de compétences avérées pour atteindre ses objectifs et réussir son « fast track ».
Nul doute que ce remaniement aura pour but d’accélérer son Plan Sénégal Émergent, tout en libérant une nouvelle énergie communicative, un nouveau souffle capable de vaincre les multiples facteurs d’inertie.
Et bonne chance à Mimi quoi qu’elle décide, car dans ce monde politique pas toujours tendre, tout est toujours possible ! En attendant gardons-nous bien de jeter de l’huile sur le feu. C’est tout le service que l’on peut leur rendre.
Oumou Wane
Relayé par Sentract.sn alias Tract.sn