[SUCCES-STORY] Tunisie : Ces jeunes Africains Noirs qui performent dans les startups

Sen’Tract, Tract du Sénégal – Étudiants, travailleurs journaliers ou encore à la recherche d’emploi, il y aurait en Tunisie plusieurs dizaines de milliers de ressortissants de pays subsahariens. Parmi eux, les membres d’un incubateur pour migrants subsahariens. Ils viennent d’organiser la toute première journée de l’entrepreneur migrant. Une première en Tunisie et sur tout le continent, selon eux.

Ambiance très festive pour cette toute première édition du jour de l’entrepreneur migrant. Un rêve qui se réalise pour Paul-Laurent Nyobe Lipot, un Camerounais de 29 ans à l’initiative de cet événement.

Kufanya, c’est le nom de son incubateur dédié aux entrepreneurs subsahariens. En trois ans, il dit avoir accompagné 90 entrepreneurs. « Lorsqu’on a dit qu’on voulait créer un incubateur dédié aux migrants, on nous a pris pour des fous », se souvient Paul-Laurent Nyobe Lipot. « D’ici à 2050, le continent africain aura deux à trois milliards de populations. La migration en Afrique est plus interne qu’externe, donc les États africains ne se construiront pas sans créer des ponts entre les pays. », dit-il à Rfi.

Parmi les entrepreneurs qui attirent leur attention : Madeleine Merveille. Jeune Camerounaise de 21 ans qui lance sa ligne de cosmétiques dédiée aux peaux noires. « C’est pour celles qui veulent en découdre avec la dépigmentation. Alors là, vous avez nos coordonnées, allez noter, je veux voir tout le monde noter ! », s’exclame-t-elle sous les applaudissements de la salle.

Un autre regard sur la communauté des migrants subsahariens

Madeleine Merveille dit avoir toujours eu la fibre entrepreneuriale. Elle confie aussi que cet incubateur a joué le rôle d’accélérateur dans son cas. « À travers leur formation, ils m’ont aidé à me fixer de véritables objectifs, à réellement planifier mon business plan, mon canevas de travail », précise la femme entrepreneur.

Au-delà de la recherche de financements, c’est bien plus qui se jouait ce jour-là. Laure Belinga est, elle aussi, Camerounaise. Elle qui a créé une société qui favorise le tourisme médical des Camerounais en Tunisie souhaiterait que son pays d’accueil change de regard sur sa communauté.

« Le peuple tunisien est quelquefois réfractaire à l’implantation des migrants subsahariens parce qu’ils considèrent que nous leur menons une guerre déloyale, que nous prenons la place qu’ils méritent », dit-elle. Pas question pour elle de « voler le pain » des Tunisiens pour autant. « On crée des devises, donc on aimerait avoir plus de considérations de la part de ce peuple », ajoute-t-elle.

À ce jour, vingt projets épaulés par l’incubateur Kufanya ont été concrétisés.

Sentract.sn