SENtract – La 14e législature sera ou ne sera pas. Fluctuante à travers deux camps, bouleversante entre deux crémeries d’entrepreneuriat politicien ou camps politiques, celui du parti au pouvoir espérant inlassablement retrouver son émergence dans la coalition présidentielle Benno Bokk Yaakaar, et le groupe formé par les oppositions amalgamées dans les coalitions Yewwi Askan Wi, Wallu Sénégal… Mais encore, cette assemblée sera à la fois attirante et déchirante, parfois délirante et même rebutante via deux figures charismatiques, énigmatiques, virevoltantes pour ne pas dire fantastiques : les «pànk» en cheffe que sont Mame Diarra Fam (opposition) et Coura Ndiaye (pouvoir) répondant au surnom compulsionnel de Coura Macky.
Déjà pour cette dernière, son arrivée officiellement à l’hémicycle, vendredi 14 octobre, lors de la session ordinaire unique de l’année 2022/2023 de l’Assemblée nationale, a été… extraordinaire. Coura Macky était là, intramuros, pistolet, pardon, une pochette en forme de revolver, « a gun » pour retentir américain, à la main. Elle annonce la couleur, déjà miroitante dans une atmosphère surchauffée lors de la « rentrée des clashs », pour ne pas dire survoltée de l’installation de la récente législature. La tonitruante Coura est venue confirmer la fresque de ce qui va se passer. Sourire en coin, elle laisse son « gun » tout dire.
Et Sokhna Dieng a peut-être flairé le coup, pour rendre le tablier, se délivrer de son écharpe de député « pour convenance personnelle ». Prendre le large, au-delà de la place Soweto. Pour ne pas livrer combat dont on sent déjà les volatiles batailles de rues, les crêpages de chignon alternant les chicanes de bornes fontaines.
D’ailleurs, Sokhna a perçu, ces 12 et 13 septembre, au sein de cette « auguste assemblée », un nouveau président contesté perdu dans un brouhaha de rappels à l’ordre, avec l’image devenue virale d’un Guy Marius Sagna, se tenant debout sur l’urne de l’institution quand il ne l’emporte, se couchant carrément dessus pour ne pas se faire « franchement dégager »… Et l’intromission, très bleuâtre, des gendarmes dans ce meeting de députés où tout le monde est subitement devenu élu électriquement dépité.
Sokhna a également évalué, ce jour-là, une femme qui a battu campagne en parcourant des milliers de kilomètres, tanguant en navire battant pavillon Benno Bokk Yaakaar, à travers sentiers et venelles de Sunugaal, se faire débarquer, avant de se faire planter, sans autre forme de procès, sur le quai, place Soweto, juste avant le Perchoir. D’ailleurs, Aminata Touré alias Mimi, il s’agit d’elle, nouant solidement son pagne autour des reins, a décidé de ne pas se laisser faire. Gonflée de la veinule « la patrie avant le parti », elle revient à Soweto, non pas en ex-Pm mué en directrice de campagne serviable dans une « cadence accélérée », mais en capitaine, « musoor » bien niché sur la tête, dans un «cas dense à célébrer» en tant que « député non inscrit ».
Mais surtout Sokhna a perçu une dame – elle avait l’habitude de la voir, celle-là – au perchoir, défendant les femmes dans une élégance dont elle seule a le secret soutenue par une éloquence sans pareille. On reconnait bien Mame Diarra Fam, qui ne cache pas ses ressentiments, crachant ses vérités à qui veut l’entendre. L’ex-président de l’assemblée nationale, Moustapha Niass se rappellera toujours de cette femme, « député de la diaspora » devenu pour cette législature de 2022 député de Pikine. Banlieue de Pikine et banlieues d’Italie = même esprit banlieusard de forts en gueule et prompts à la bagarre ? Et, le tout nouveau, Amadou Mame Diop, a dès maintenant jaugé une adversaire. Que dire de cette femme, honorable député comme elle, à qui il a été demandé de revoir sa garde-robe… Avec une promesse de « casser la g… » à tout hominidé qui les empêcherait, eux les gens de l’opposition, maintenant qu’ils toisent en nombre de députés la coalition présidentielle au pouvoir – score jamais atteint dans l’histoire électorale du Sénégal -, de déployer leurs ouvrages, en bonne et due forme.
Toujours est-il que le président Macky Sall, condamnant ces échanges de «bonnes figures» au niveau de l’Assemblée nationale, a vite fait de mettre sur pied un « gouvernement de combat » mené par le Pm Amadou Ba, le ‘GAB’, face à une opposition qui a pris du galon après une « guérilla législative » bien saignante.
Alors, il faut bien pour chaque alliance politique, compacter son champ, pour décrédibiliser le camp adverse et, aidée par quelques stratagèmes époussetés, prendre de l’équilibre sur l’échiquier électoral permettant d’envoyer au tapis son adversaire. Depuis l’hémicycle, le clivage électrisé, avec des forces presque égales, se résume en ces deux- là : une « pànk » dans chaque camp.
Cheikh Tidiane COLY
Directeur de publication
SEN’tract
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