Tract – Bouillonnante a été la rentrée de 14e législature, grouillantes ont été les premières échanges qui ont eu lieu dans cet hémicycle qui est en train d’écrire une page originale sur l’histoire des désistements pour «convenance personnelle», au Sénégal.
Les démissions pour « convenances personnelles » ne sont pas monnaies courantes sous nos cieux, mais encore en pleine assemblée nationale. Alors, cela fait un effet particulier lorsque, après Sokhna Dieng, on entend les pas de Pape Diop suivre celles de l’ancienne journaliste de la RTS. L’info de gonfler, et l’on perçoit la clameur des « observateurs » se demander pourquoi le leader de Bokk Gis Gis (BGG) a préféré se soustraire à la toute nouvelle équipe des 165 députés, lui que l’on pensait déjà bien calé dans son siège de « dépité » faiseur de loi, pardon, de roi… Ce n’est pas lui, Pape Diop qui avait fait couler beaucoup d’encre après les élections législatives… Ce n’est pas lui, l’homme le plus courtisé, au moment où, entre l’opposition et le pouvoir arrivés presque au coude-à-coude à l’Assemblée cherchait la « voix Bokk Gis Gis » qui renforcerait la tonalité de l’un des concurrents aux dépens de l’autre.
Pape Diop avait choisi son « champ », celui du pouvoir. Un tollé dans le camp adverse ! Parce que lui, le patron de BGG, avait une autre vision de la politique, celle d’aller se renforcer ou se reformuler chez ses anciens «camarades libéraux». On le traitera de «traitre» qui a vendu son âme au diable « marron ».
Mais, il avait fait le choix de ne pas être avec l’opposition à cet instant. Sa lecture d’une opposition trop guerrière ne lui sied pas, lui le vendeur de poisson, et non ventilateur de poison. Voilà, à la rentrée de 14ième législature, Pape Diop n’était entendu nulle part, sur aucun plateau, il n’avait pipé mot. Quand le « Frappeur et dégageur » Guy Marius, le « pétulant » Barthélémy Dias, le «Teus» Ahmed Aïdara and Co se donnaient en spectacle, lui s’était emmuré dans un silence plaisant.
Au fond, on ne peut pas lui reprocher de s’économiser, de se réserver de cette communication bruyante, de ce spectacle qui dénote de son effort trouble de rester homme respectable. Il avait préféré ou était contraint de suivre l’acte 1 de la nouvelle législature qui résonnait, indicatrice des lendemains qui… déchantent, entre coup de gueule, injures et coup de force.
La tâche du pouvoir ne sera pas facile face à ces jeunes loups venus pour donner le la aux membres d’une assemblée qui a été jusque-là presque toujours monochromatique. Et encore, lorsqu’il s’agira de s’affairer sur un « député transhumant » qui a préféré les prairies marron-beige, aux travaux champêtres d’une opposition cherchant à gagner du terrain en perspective de la prochaine présidentielle, aucun cadeau ne lui sera fait.
Alors, Pape Diop a eu le temps de murir son « Bokk Gis Gis Liggey », il a médité sur son sort, durant cette période où le calme plat règne à l’hémicycle, pour se faire la malle, – Astafiroulah ! -, pour se faire une religion. Lorsque tous parlent de la convocation de Sonko, de son premier tête– tête avec le juge, de son refus de « donner » son sang pour un test Adn, Pape Diop a fait profil bas pour jeter l’éponge après s’en être essuyé le front pour dégager les sueurs dégoulinantes qui lui voilaient son globe visionnaire.
Des journaux ont jeté les cauris divinatoires pour décrypter, entre les synapses de sa « convenance personnelle » ayant entrainé sa capitulation, les « congruences individuelles » motivant son acte : Pape Diop, le bien nommé, nous fait-on lire, ne souhaite pas combiner son « nom », sa « personnalité » et son « image » à cette nouvelle législature qui s’est illustrée dans une mauvaise couture avec garniture « bleu pandore », montrant des images méconnaissables d’elle au-delà du Sénégal, divulguées aux quatre coins du monde.
Pape Diop ne voudrait pas souffrir des prochaines joutes «dépitées». Il sait que présentement, c’est le calme avant la tempête, et les confrontations prochaines entre députés à l’hémicycle ne seront pas affectueuses pour lui. Il a beau être flegmatique, mareyeur à ses heures perdues, il ne pourra se sortir de cette pêche (ou prêche) en haute mer. Il a consommé le fugu, ce poisson qui contient du poison de sa propre perte.
La toxicité de son choix, celui de s’être allié, après tant de fléchettes jetées sur Macky, au camp du pouvoir, consume déjà sa relecture du « Bokk Gis Gis ». Et, l’occasion de corriger cette vision ne lui est plus possible. Les mœurs politiques, quand elles cheminent sans module d’engagement et de respect envers les électeurs, sont parfois ingérables, voire fatidiques.
Mais, la majorité législative restera au camp présidentiel. Car le suppléant et futur remplaçant de Pape Diop à l’Hémicycle gardera son soutien à Benno Bokk Yaakar. Du Pape «frit» qui fuit, il n’y a pas donc à attendre une nouvelle fumée blanche annonciatrice de nouvelle majorité changée.
Cheikh Tidiane COLY
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