Au Gabon, le kwandza consiste à se dépigmenter la peau pour devenir métis ou même de couleur quasiment jaune. Il y a plusieurs années que les Gabonaises se dépigmentent la peau, persuadées qu’elles plairont plus aux hommes. Mais aujourd’hui, le phénomène a pris une tournure très inquiétante. Des crèmes aux savons éclaircissants, les adeptes du kwandza sont passés à des produits dangereux à avaler ou à se faire injecter.
Dans ce petit bistro du 6e arrondissement, une jeune femme, la peau tendue et extrêmement claire, partage un verre avec ses amis. Larissa avoue qu’elle utilise des produits éclaircissants pour devenir, selon elle, plus attirante. « La majorité des hommes gabonais aiment les filles au teint clair, c’est pourquoi on passe aussi notre temps à se décaper la peau pour qu’on puisse aussi nous regarder de temps en temps. »
Jusqu’à un passé récent, les crèmes éclaircissantes étaient les principaux outils des adeptes du kwandza… la tendance a radicalement changé, soutient Larissa. « On utilise souvent des comprimés, des injections, des sirops pour s’éclaircir la peau », dit-elle à Rfi.
Ces recettes se transmettent de bouche à oreille. Inès gère un institut de beauté. Elle vit de ce lucratif business. « La phrase qui revient presque toujours, c’est “je veux le teint jaune banane”, il y a même une nouvelle expression qui est “je veux le teint jaune poussin”. C’est du jaune complètement clair. Aujourd’hui, pour s’éclaircir, il n’y a plus besoin d’une crème éclaircissante. Il y a des boissons, des thés, des comprimés, il y a tout ce que vous ne pouvez pas imaginer. Il y a même des infirmières qui vous posent des perfusions et ensuite, vous êtes tranquille pour toute l’année », liste la gérante.
Des conséquences qui peuvent être désastreuses
Mais est-ce un phénomène à la mode ou qui régresse ? Inès est catégorique : « C’est plus que jamais à la mode ! », s’exclame-t-elle. « On a des mamans qui nous sollicitent pour leur bébé, des femmes enceintes qui posent des questions pour savoir comment elles peuvent faire pour que leurs bébés naissent clairs. »
Le secteur est porteur, mais il inquiète les médecins. Les conséquences peuvent être désastreuses, souligne la docteur Stéphanie Ntsame, dermatologue au CHU de Libreville. « Des complications sur la peau comme des vergetures, les veines trop apparentes, la peau trop rouge », prévient la dermatologue. « Sur la peau, il y aura beaucoup d’infections comme des mycoses, des abcès. Des corticoïdes peuvent induire une hausse de tension, une augmentation du sucre peut entraîner un diabète, ça peut même se terminer par un coma ou une insuffisance rénale. »
Si les produits pour se dépigmenter coûtent cher, le docteur Ntsame rappelle que les crèmes et savons pour réparer la peau abîmée sont encore plus onéreux.