Tract – Le Programme de développement de la micro finance islamique au Sénégal (PROMISE) dans son partenariat avec la Banque Islamique de Développement (BID) a lancé avant-hier un atelier qui a pour thème: Finance Islamique et l’approche de la BID en matière de pouvoirisation et Autonomisation Economique. Sous la présence des autorités étatiques, des associations de porteurs de projets et d’entrepreneurs, le Directeur de la BID a abordé les réalisations de leur Programme et les perspectives tout en espérant l’atelier lancé leur montrera les différentes approches de la BID pour parvenir à la pouvoirisation, en vue d’une autonomisation économique.
Néné Fatoumata Tall, lors de son allocution, renseigne :
« Depuis son lancement officiel en 2018, le programme a déployé de gros efforts pour l’atteinte des objectifs qui lui sont assignés. En effet, fidèle au cadre logique du projet, nous avons travaillé à faire avancer dans les objectifs intermédiaires inscrits dans les différentes composantes du programme à savoir : soutenir le développement d’un cadre réglementaire favorable à la micro finance islamique ; renforcer les capacités des bénéficiaires intermédiaires et finaux du programme ; mobiliser la ligne de financement Moudharaba restreinte. Pour ce qui est du développement du cadre réglementaire, il faudra dire qu’à peine avions-nous démarré nos actions de plaidoyer, la BCEAO publiait les instructions n°005-05-2018 et n°003-03-2018 relatives respectivement aux caractéristiques techniques des opérations de finance islamique et aux dispositions particulières applicables aux Systèmes Financiers Décentralisés (SFD). Dans la foulée, notre Assemblée nationale votait la modification de l’article 6 de la loi communautaire n°2008-47 qui devient la 2019-06. Ainsi, en plus des opérations de collecte d’épargne, d’octroi de crédit, de transfert d’argent et d’engagement par signature, les SFD peuvent aussi faire des opérations de finance islamique », a-t-elle soutenu de prime abord.
Puis de préciser :
« Cependant, la loi impose une autorisation préalable pour l’ouverture d’un guichet islamique. Des lors, nous avons pu remarquer que beaucoup de SFD ont des difficultés pour finaliser leur dossier de demande d’autorisation, en atteste le taux de rejet assez important de dossiers. C’est ce cadre que nous avons décidé de les faire accompagner par des experts dans ce processus pour plus de succès. En outre, nous avons initié des rencontres de sensibilisation et de plaidoyer auprès des autorités de la Réglementation et de la Supervision (DRS/SPD), de la Direction des Assurances (DA), des impôts et Domaines (DGID), de l’Ordre National des Experts Comptables et Comptables Agréés (ONECTA) pour que chacune en ce qui la concerne puisse enclencher les réformes nécessaires pour la prise compte de la finance islamique dans les différents dispositifs réglementaires, fiscaux et comptables », a-t-elle informé.
S’agissant du volet renforcement de capacités des bénéficiaires, la Coordonnatrice nationale du Programme de développement de la micro finance islamique au Sénégal (PROMISE) souligne :
« Le programme a mené plusieurs campagnes de sensibilisation auprès des autorités locales, des acteurs de développement à la base, des jeunes, des femmes et des Micro Petites Moyennes Entreprises (MPME). En effet, des Comités Régionaux de Développement (CRD) ont été organisés dans toutes les régions du Sénégal et des visites de courtoisie auprès des guides religieux avec comme objectif, la mobilisation de tous les acteurs autour de objectif rappelé plus haut. Le Programme ne s’est pas limité à la sensibilisation des sénégalais. Car, le faible taux d’absorption des fonds alloués à certains programmes similaires nous a poussés à lancer une plateforme d’enrôlement des projets. Des guichets sont ainsi ouverts à Dakar, Diourbel, Kaffrine, Matam, Fatick et à Kaolack pour recevoir les porteurs les porteurs de projets, leur prodiguer des conseils et enrôler leurs projets charia compatibles. Ces projets sont mis à la disposition des SFD participants après un premier filtrage de nos services techniques et de notre Comité de Conformité Chariatique (CCC), communément appelé Charia Board.
Dans ses attentes, Néné Fatoumata Tall nourrit de l’espoir grâce à ce dispositif :
« Nous espérons assurer un taux d’absorption de la Moudharaba restreinte et atteindre rapidement les objectifs du Programme. Last but not least, le cabinet d’assistance technique a démarré ses travaux et a produit à ce jour cinq (5) livrables. Parmi lesquels, la formation dont ont déjà bénéficié tous les acteurs de l’écosystème à travers dix-huit (18) sessions animés par des experts de haut niveau en finance islamique. L’autre livrable attendu est sans nul doute le recrutement d’un éditeur pour la mise à disposition d’un progiciel adapté aux opérations de finance islamique. Avec tous ces efforts, le PROMISE devra naturellement impacter la collectivité» fait-t-elle savoir.
La Coordonnatrice de la PROMISE, pour pallier le retard de la mise en place de la ligne de lancement de la BID souligne :
« Le programme a entamé en 2020, avec la bénédiction de celle-ci une campane test de la Mourabaha avec ordre d’achat à travers des SFD volontaires. Ainsi, une enveloppe d’environ deux (2) milliards a permis de financer des milliers de petits projets par le biais avec des ressources de l’Etat du Senegal. L’engouement suscité par ce test, confirme manifestement l’adhésion massive des populations à cette forme de financement. La Promise pourra dès lors tenir ses promesses et se préparer sereinement à entrer dans une nouvelle phase, celle de la pérennisation à travers son institutionnalisation en tant que fonds ou établissement de financement islamique. Il pourra ainsi mobiliser sur les marchés financiers économiques florissants, des ressources additionnelles pour assurer un refinancement durable, un des talons d’Achille des SFD dans le financement durable des jeunes, des femmes et des MPME. A ce titre, il lui sera possible aussi d’accompagner les différents démembrements de l’Etat central à lever des fonds pour réalisation de projets d’investissement qui améliorent qualitativement les conditions de vie de nos populations », a-t-elle également rassuré.
Hadj Ludovic