Mamady Kanté finalise la maquette de leur sculpture, pendant que son binôme, Fabien Borde, commence à tordre du métal pour la structure, relate Rfi. « Là, il s’agit de représenter un lion, il a une patte posée sur un demi-globe. Le globe est sali de déchets pour représenter les catastrophes écologiques de notre temps », explique Fabien Borde. Le lion fera 2 mètres 50 de hauteur et sera constitué de plastiques récupérés. « On va essayer de jouer sur la couleur, c’est-à-dire de garder la totalité du corps du lion en plastiques recyclés, en choisissant plutôt des plastiques couleur fauve. »
Ce n’est pas la première fois que les deux sculpteurs se lancent un tel pari. Deux premières sculptures monumentales en matériaux recyclés sont exposées sur les îles de Loos à Conakry. « On travaille pour la future génération, assure Mamady Kanté, sculpteur guinéen. Qu’ils le voient, qu’ils se demandent : « Est-ce que ça c’est du plastique ? » Si la matière est là, peut-être que ça peut donner aussi l’idée à d’autres personnes de transformer ces déchets plastiques qui nous encombrent ».
La démarche a séduit le directeur du Centre culturel Blaise Senghor, Aliou Kéba Badiane, qui héberge la résidence des artistes : « Je pense que c’est dans leur folie qu’ils arrivent à créer des choses dont la grandeur souvent étonne les gens. Nous leur laissons vraiment leur plage de folie, leur espace de création de choses assez inédites. »
Le lion sera disponible à la vente, et les artistes espèrent qu’il finira sur une place publique au Sénégal.
En plus du métal et des matériaux de récupération, le sculpteur guinéen Mamady Kanté s’est spécialisé dans le papier mâché. C’est lors de ses études à l’ISAG, l’Institut supérieur des arts de Guinée, qu’il a découvert cette matière originale. « Je faisais d’abord le bois à l’école, l’argile et tout, explique-t-il. Et quand on a fini l’école, je n’avais plus de matériel avec le bois pour couper, l’argile il fallait chercher très loin. Et on avait fait un cours de papier mâché à l’école, en quatrième année et en cinquième année, mais après je me suis dit pourquoi je me torture comme cela alors qu’il y a des trucs autour de moi ? Je peux chercher autour de moi et je l’ai fait (rires). Donc voilà, je l’ai développé au fil du temps. […] La matière, en tout cas, ça me plait : dans la création ça me donne beaucoup de liberté. On peut mettre de la couleur aussi mais moi je n’aime pas mettre de la couleur sur mes œuvres. J’aime beaucoup utiliser une couleur unique, l’indigo, le bleu, pour faire de la peinture ».