(Tract)- Le Forum international des directeurs de musées africains et européens s’est tenu au Musée des civilisations noires (Mcn) du 25 au 27 dernier. L’objectif était de constituer un réseau qui met en œuvre un programme multilatéral entre les différents musées.
Quelque 60 directeurs de musées venant de 38 pays d’Afrique étaient présents à Dakar dans le cadre d’un forum international qui s’est tenu du 25 au 28 avril derniers au Musée des civilisations noires (Mcn). L’objectif de cette première édition est de constituer un réseau qui met en œuvre un «ambitieux» programme de partenariat multilatéral entre les musées d’Afrique et d’Europe. Dans la Déclaration de Dakar, les directeurs de musées ont défini leurs priorités en posant les jalons pour la création d’un cadre d’échanges et de collaboration en vue de nouer des liens durables entre musées, et renforcer leur rôle dans la société. De plus, ils ont présenté ce programme à des partenaires pouvant contribuer à sa pérennisation.
Ainsi, trois grands thèmes ont été discutés pour dessiner l’avenir des musées. Il s’agit des collections, expositions et renforcements de capacités d’agir que les 60 directeurs de musées ont adoptés à l’unanimité. «Nous, Directeurs de musées venant de 38 pays d’Afrique et d’Europe, réunis au Musée des civilisations noires à Dakar, du 25 au 27 avril 2023, affirmons notre ambition de construire ensemble un futur commun dans une perspective de dialogue des cultures dont Léopold Sédar Senghor fut un des plus grands chantres», indique la Déclaration.
«Repenser les narratives»
Dans son discours, le Directeur du Mcn, Pr Hamady Bocoum, note qu’il faut réformer le rapport muséologique entre l’Afrique et l’Europe, mais plus globalement, repenser la muséologie mondiale. Egalement, il préconise de repenser les narratives dans nos musées et institutions. «Et surtout essayer de se projeter pour un monde meilleur, un monde moins conflictuel, un monde plus consensuel», dira M. Bocoum. «Donc, l’idée première de cette rencontre-là est d’essayer de voir les narratives, elles sont revisitées d’abord à partir des collections. Quand on parle de collection, on a souvent tendance à penser aux collections qui sont dans les musées européens.
Il faudrait probablement déconstruire cela parce que les collections africaines sont beaucoup plus vastes. Il ne faut pas oublier que l’Afrique est le berceau de l’Humanité, c’est 6,5 millions d’années d’histoires, en moyenne moins depuis Toumai. La colonisation, c’est peutêtre 1 siècle et demi à 2, la colonisation fait partie de notre histoire, elle fait partie notre patrimoine», fait-il savoir. M. Bocoum demande de faire en sorte que ce patrimoine ne soit pas un espace conflictuel mais un espace de dialogue, de revisite, de déconstruction, de reconstruction et de vérité en même temps. «D’où l’importance que nous avons aux collections.
Il ne faut pas seulement voir en termes d’éléments de restitution, mais aussi en termes de constitution. La balle est aussi dans le camp de l’Afrique, on ne doit pas rester dans la perspective de subordination. C’est-à-dire penser que notre patrimoine se trouve dans les musées européens, ce n’est pas vrai», rétablit M. Bocoum. A l’en croire, on doit continuer à faire des collections d’art africain contemporain pour que demain «nos enfants ne disent pas qu’on leur a volé à nouveau. Nous avons beaucoup insisté sur les expositions, notamment sur la dimension itinérante.
Les musées africains doivent sortir de ce ghetto ethnographique pour se projeter vers le futur pour regarder l’Afrique contemporaine». Directeur général du musée royal de l’Afrique centrale en Belgique, Gryseels Guido ajoute : «Le but de cette conférence est un processus d’échanges entre professionnels des musées mais pas d’échanges entre les politiciens. Nous avons beaucoup à apprendre des musées africains et vice versa.»
Tract avec Besbi