Tract – En ces périodes brouillées par la course à la candidature pour la présidentielle 2024, la presse libre et indépendante dont fait partie Tract.sn est mise à rude épreuve. Des journalistes sont ‘transportés’ et condamnés au pays de la ‘terre en gaal’, pendant que notre barque Sunugaal échoue aux abords de la queue de l’escouade des nations non respectueuses de la liberté de la presse. Un climat délétère s’est vite installé et la montée en puissance des réseaux sociaux et autres contenus en lignes viennent encore saborder cet exercice d’informer vrai…
Dans un tel contexte de crise, la presse indépendante n’a jamais autant eu besoin de se battre, de se surpasser pour se hisser au-delà des contingences de la quête de l’information, minées dans ces conjonctures qui palissent le traitement des faits.
C’est fondamental ! Il nous faut des médias libres et indépendants, éléments incontournables pour la respiration de la démocratie, surtout quand il s’agit d’une démocratie souvent montrée en exemple dans cette Afrique fréquemment qualifiée de continent à «dictature variable».
Et voilà qu’il ne faut pas se tromper de partisan ou d’adversaire. Le seul, mais encore le pire ennemi de la liberté de la presse est le politicien – toute appartenance confondue – qui s’en sert pour se faire une carapace d’élu du peuple, pour s’en desservir juste après s’être senti ‘repu devenu rapace’.
Parce qu’ils savent séduire, les politiciens. Ils vous auront fréquenté sur les plateaux télé où ils se sont fait reluire le visage, vous leur aurez tendu le micro leur permettant de se donner de la voix pour trouver la voie menant aux électeurs… Vous avez fait la couverture de toutes leurs activités qui leur a ouvert les fenêtres du succès, les portes de la gloire. Et les voilà, de l’autre côté du miroir, fixant leur transmutation. Et les voici, l’œil embué par autant d’euphorie, à ne plus vous reconnaître dans votre rôle de journaliste, vous poussant à vous regarder en chien de faïence. Vous nous direz que ce sont là, les résultats vicieux de la grande proximité et têtue complicité qui lient le politicien au journaliste dont le ‘compagnonnage’ se déverse sur l’autre rive de la bienséance. Ensuite, si ce dernier n’y prend garde, le risque de noyade professionnelle est certaine.
Alors, puisque, dans cette optique, on ne peut travailler sans côtoyer les hommes ‘au pouvoir’ et leurs ‘opposants’, il faut donc le faire à des modalités bien établies permettant de conjuguer éthique professionnelle et fondamentale liberté d’action des journalistes. Les médias sont une nécessité pour le contrôle des «régimes» et participent justement au souffle d’une bonne fréquence sociale.
Et pour que l’opinion publique – avec qui les échanges sincères doivent être le terreau du pacte de confiance – se retrouve dans cet embrouillamini d’éléments et d’événements, il est temps d’éviter d’aller vite en besogne, savoir raison garder dans la « course à l’info première ». Certes, il faut s’activer. Mais, en évitant de se précipiter dans la montée d’annonces creuses dissonant en «Exclusif» et autre «Scoop», encore déclamée avec ce plaisir insaisissable voire insatiable de vouloir être le premier à relayer la ‘nouvelle’, à afficher l’existence d’une ‘histoire’ -, on est en mesure de se focaliser nécessairement sur l’information de qualité, gage contre la montée en puissance des ’fake news’ malheureux, et perpétuels « wax sa xalaat » crâneurs.
Une fois ces fondements «actualisés» rétablis, le dialogue, les débats, la confrontation des points de vue, le partage et la diffusion des informations, sauront faire vivre cette « liberté de presse, nourricière de cette démocratie ».
Mais encore faudrait-il repenser – face à cette menace qui secoue fortement et étouffe pernicieusement les acteurs d’une presse dont les faibles fondements économiques fragilisent ses contenus -, à la manière de collecter et vérifier les faits, pour apporter encore plus d’expertise et de qualité dans les informations qui sont proposées aux lecteurs, à l’audimat, aux téléspectateurs.
Alors, l’arme qu’il faut détenir pour aborder les sentiers abrupts de la seconde période de 2023 à SUNUGAAL pour lequel nous avons – plus que jamais – à lier notre destin de Sénégalais, c’est le maintien de l’érection d’un système d’information correcte détectable et délectable à tous les niveaux des couches sociales. Il y va de notre LIBRE existence !
Cheikh Tidiane COLY Al Makhtoum