[TRIBUNE] Abdoulaye WADE et Macky SALL: Deux ambitions manquées pour le Sénégal (Par Momar-Sokhna DIOP)

Momar-Sokhna Diop

Tract –  Les deux régimes issus des alternances de 2000 et de 2012, auraient pu mieux faire. Ils en avaient les moyens, les atouts et peut-être, au départ, la volonté. 

 

Toutefois, après 23 années de règne, nous sommes amenés au constat suivant : la première alternance d’Abdoulaye Wade était piégée tandis que celle de Macky Sall reste biaisée.

C’est un constat que j’ai moi-même établi dans mon ouvrage intitulé « Sénégal, diagnostic d’un pays candidat à l’émergence ». En effet, dans cet ouvrage je démontre clairement que ces deux alternances n’ont pas réussi à inscrire le Sénégal dans le club des pays dits émergents.

En effet, comme l’avait bien remarqué Abdou Latif Coulibaly, l’alternance de 2000 était piégée par la personnalité d’Abdoulaye Wade. Elle était gangrénée par sa manière de faire, par les actes qu’il posait, par sa façon de travailler. Elle était également spoliée par l’entourage qu’Abdoulaye Wade s’était volontairement choisi, pour servir à ses côtés. Son équipe s’était plutôt très bien servi(e) au lieu de servir le Sénégal.

Depuis 2012, date à laquelle Macky Sall a accédé au pouvoir, la coalition Benno Bokk Yaakaar semble entériner les mêmes pratiques et cela ne nous surprend pas. En effet, le Président Macky Sall qui incarne cette ‘coalition addition de misères’ est un pur produit du clan des Wade. Il est l’un des plus fidèles compagnons d’Abdoulaye Wade en tant que Ministre, Premier ministre, Président de son Assemblée nationale… Il est en partie comptable du bilan d’Abdoulaye Wade.

Aujourd’hui, en dehors de quelques rescapés transhumants du Parti socialiste (PS), Benno Bokk Yaakaar est essentiellement composée de personnes de l’ancien régime d’Abdoulaye Wade et surtout de personnes impliquées dans des scandales qui continuent d’enfoncer le Sénégal dans d’inquiétantes difficultés.

Les Sénégalais étaient bien avertis en amont. Dès le début, des lanceurs d’alerte dont Mody Niang avaient tiré la sonnette d’alarme.  Dans l’un de ses ouvrages « Le clan des Wade », Mody Niang nous avait bien mis en garde sur la ‘dangerosité de cet homme’. Il avait mis l’accent sur les gros scandales qui jalonnaient l’immonde gouvernance d’Abdoulaye Wade. Mody Niang a été diabolisé même si l’histoire lui donne toujours raison.

Les Sénégalais constituent un peuple qui par éducation oublie très vite. En effet, il semblerait que « le Sénégalais a de la peine à se souvenir de son dîner de la veille et continue de ne croire qu’à l’argent et aux honneurs ». Les politiciens le savent et utilisent parfaitement cette conception singulière pour gouverner le pays.

Nous disons que c’est Abdoulaye Wade qui est en grande partie responsable de l’abîme de la République. Ses partisans veulent nous faire croire qu’il est le père de la démocratie. Nous leur accordons ce crédit. C’est en partie Abdoulaye Wade qui a amené Senghor et Abdou Diouf à instaurer un multipartisme limité puis intégral.  Mais nous disons que son seul objectif était d’accéder au pouvoir pour se servir et pour servir les siens. Cette ambition s’était confirmée lors de son règne, période durant laquelle le Sénégal était et est entré dans un régime patrimonial et a du mal à s’en défaire.

C’est le Parti démocratique sénégalais (PDS) qui a renforcé le Virus de la mal-gouvernance dont la première dose fut inoculée au Sénégal par Léopold Sédar Senghor en 1962, année à laquelle il avait liquidé Mamadou Dia pour diriger le pays à sa convenance et selon les intérêts de la France.

Aujourd’hui, le Sénégal est au bord du K.-O. Les scandales financiers, fonciers et les règlements de comptes politiques se multiplient. Les maigres acquis en démocratie politique sont piétinés par l’actuel régime qui met tout en œuvre pour préserver le pouvoir. Benno Bokk Yaakaar instrumentalise la justice et toutes les institutions pour éliminer ses adversaires et rester au pouvoir. Il s’agit d’un climat que nous déplorons et qui amène des auteurs comme Aguibou Diallo à parler de « Désastre Sénégalais » causé par la sanctuarisation de l’appareil d’État au profit de médiocres sous Abdoulaye Wade et Macky Sall.

Il faut que les Sénégalais brisent au plus vite ces cycles d’échec.

Comment ?

Je n‘ai pas la solution.

Tout ce que je sais c’est que les Solutions sont en nous Sénégalais pour reprendre les propos d’Ousmane Sonko qui démontre que le Sénégal est un pays qui possède des ressources, un potentiel énorme à saisir et à transformer. Il faut que les Sénégalais s’y attellent dès maintenant, avant qu’il ne soit trop tard. Le Sénégal a déjà perdu trop, trop de ressources et le monde entier l’attend.

Momar-Sokhna DIOP

Professeur d’économie-gestion, écrivain

 

Sources : Mody Niang « Le clan des Wade, accaparement, mépris et vanité, Editions Sentinelles »

Abdou-Latif Coulibaly, « La République Abîmée, Editions Sentinelles »

Pape-Alé Niang, Scandale au cœur de la République, le dossier du COUD, Editions Fauves

Aguibou Diallo, Le Désastre Sénégalais, Editions l’Harmattan

Momar-Sokhna Diop, Sénégal, diagnostic d’un pays candidat à l’émergence, Editions l’Harmattan.

Ousmane Sonko, Solutions, pour un Sénégal nouveau