Tract – Mes chers amis,
Un vent funeste souffle sur notre nation, porteur d’une nouvelle qui fait frémir nos âmes. La bibliothèque de l’Université Cheikh Anta Diop, ce temple du savoir, a été dévorée par les flammes. Cet incendie délibéré transcende les simples limites du matériel, il symbolise l’agonie d’un pacte social qui se délite dangereusement.
La bibliothèque éponyme du nom son illustre parrain, Cheikh Anta Diop, trop tôt rappelé à Dieu, majestueuse gardienne de notre patrimoine intellectuel, n’était pas seulement un assemblage de murs et de livres. Elle incarnait notre engagement collectif envers l’éducation, l’égalité des chances et le progrès. Les flammes dévastatrices qui l’ont engloutie sont une métaphore tragique de la destruction de notre pacte social.
Tel un miroir brisé, cet incendie reflète les fissures béantes qui traversent notre société. Les flammes dansent sur les pages des livres, tandis que les liens de solidarité et de confiance se consument dans les braises de l’indifférence. Chaque livre réduit en cendres est un fragment de notre engagement envers l’éducation, l’illumination des esprits et le progrès commun auquel aspire notre nation.
Ce brasier sacrilège est un affront à notre sénégalité. Il témoigne d’une société qui perd ses valeurs, son essence ; qui trahit les fondements mêmes de notre coexistence nationale. Les auteurs de cet acte abominable, quels qu’ils soient, ont allumé le feu de la discorde et de la désolation, ignorant l’importance vitale de la connaissance partagée, de la diversité des idées et du respect mutuel.
Chers frères,
nous sommes les témoins impuissants d’un acte de destruction délibérée qui va bien au-delà d’un simple incendie. C’est une attaque contre notre héritage culturel, un pilier fondamental de notre identité et de notre histoire. Et malheureusement, cette profanation est un schéma récurrent utilisé par ceux qui cherchent à semer la terreur et à effacer notre mémoire collective.
En effet, gardons en mémoire le fait que la tragédie qui a frappé la bibliothèque de l’Université Cheikh Anta Diop, est comparables aux sombres faits dont l’histoire de l’humanité regorge : les attaques contre le patrimoine culturel sont souvent le premier pas des djihadistes, fascistes et terroristes dans leurs œuvres malveillantes.
Notre pays, tel le phénix, du crépitement des flammes, doit s’efforcer de ressusciter le pacte social qui nous unit. Il est temps de ranimer la flamme de la solidarité, de l’empathie et de la justice. Les cendres de la bibliothèque, comme l’engrais d’un champs, doivent être le terreau fertile d’une renaissance, d’une reconnexion profonde avec nos valeurs fondamentales.
Nous devons reconstruire bien plus qu’une bibliothèque, nous devons rebâtir notre tissu social déchiré. Tel des alchimistes, transformons la douleur et la désolation en une énergie collective, en une volonté inébranlable de redonner vie à notre pacte social. Que chaque livre perdu dans les flammes soit une étincelle qui rallume notre engagement envers l’éducation, l’égalité et la justice.
Chers compatriotes,
Le temps est venu de raviver les liens qui nous unissent, de reconstruire les ponts qui ont été détruits. Nous devons nous engager à nourrir les esprits affamés de savoir, à donner une voix aux marginalisés, à préserver la richesse de notre diversité culturelle. L’incendie de la bibliothèque de l’Université Cheikh Anta Diop est un rappel sinistre de l’urgence de cette tâche. Trop de jeunes, d’enfants et d’adultes sont encore les laissés-pour-compte de notre politique éducative même si de significatives avancées ont été effectuées, ces dernières années.
Rappelons que le Sénégal doit faire l’expérience de promouvoir la fréquentation assidue de la lecture pour éviter que de tels bûchers ne se produisent plus. Mettre un livre entre les mains d’un enfant, d’un jeune c’est choisir allumer une flamme d’espoir, de connaissance et de liberté, en lieu et place des folles flammes qui dévastent notre projet de société.
Ensemble, faisons de cette tragédie le catalyseur de notre résilience. Reconstruisons notre pacte social, renouvelons notre engagement envers l’éducation et la justice, et élevons nos voix pour proclamer que nous ne permettrons pas que l’obscurité l’emporte.
Puissent les pouvoirs publics, la communauté nationale et internationale faire tout ce qui est en leur pouvoir pour que la bibliothèque renaisse de ses cendres, symbole vibrant d’une société qui refuse d’abdiquer.
Que l’espoir brille à nouveau sur notre nation, telle une aurore renaissante.
Gorgui Kafindia