ENTRETIEN EXCLUSIF AVEC BADARA SALL, SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DES PAYSANS DU SÉNÉGAL

« L’ État du Sénégal ignore les organisations des paysans, des pêcheurs et des éleveurs. Le prochain Président de la République doit avoir une vision pour le développement durable. Et qui parle de souveraineté alimentaire doit mettre les moyens et associer les organisations syndicales sur les prises de décision »

 

 

La saison agricole est presque arrivée à son terme dans plusieurs parties du pays. En cette période de récolte, votre site Tract s’est intéressé à la situation des paysans du Sénégal.

 

Contrairement aux années précédentes durant lesquelles une rareté de pluies était notée dans le monde rural, cette année, une abondance de pluies a fait le bonheur des paysans. 

 

Malheureusement, certains agriculteurs résidant dans le Walo, n’ont pas pu profiter au maximum de ces pluies par faute de matériels et risquent de voir 70% de leur récolte être de très mauvaise qualité.

 

Dans cet entretien qu’il a accepté de nous accorder, M. Badara Sall, Secrétaire général des paysans du Sénégal, est revenu sur plusieurs questions. Il a évoqué entre autres les difficultés particulières rencontrées cette année par les agriculteurs, sans oublier d’interpeller l’État du Sénégal sur des questions d’ordre organisationnelles et matérielles. 

 

                          ENTRETIEN 

 

Nous avons constaté une abondance de pluies dans le monde rural, quelle conséquence cela a-t-elle eu sur l’agriculture dans ces zones ?

 

Effectivement, pour cette année, il y a une abondance de pluies sur l’étendue du territoire national. Par conséquent, nous pouvons espérer une bonne récolte sauf dans le Walo, précisément dans les villages de Thiagar, Moudoum, Diawar, Débi tiguet, Grand digue télé, tous des villages qui se trouvent dans les communes de Ronk, Diama et Rosso Béthio, à cause d’un manque  de matériels. Sur les 15.000 à 17.000 hectares qu’il y a là-bas, les 70% de la récolte seront probablement de mauvaises qualités. 

 

Quelles ont été les difficultés particulières que les agriculteurs ont rencontré cette année ?

 

Dans le Walo, pour la filière riz, les agriculteurs ont rencontré un problème récurrent d’accès au crédit. Nous sommes aussi confrontés à une cherté des intrants comme l’engrais dont la diminution est effective. Les insectes qui ont sucé quelques tiges de riz et les oiseaux granivores nous ont aussi causé beaucoup de problèmes. Aussi, l’autre problème est le coût élevé de la récolte par les moissonneuses batteuses qui était de 18 % et qui passe entre 160 et 180 000 f par hectare. Et la plupart des machines proviennent de la Mauritanie. Un autre problème concerne la commercialisation du sac de paddy qui tourne entre 9.000 à 11. 000f. Et chaque sac usiné tourne autour de 50 à 56 kg de riz blanc sans compter le son. 

 

Nous sommes presque arrivés à la fin de l’hivernage, quel bilan provisoire pouvez-vous nous faire sur la saison agricole ?

 

Pour l’instant, il faut attendre la fin des récoltes qui ont déjà commencé avec le mil et le maïs pour dire si le bilan est positif ou négatif. Tout ce que je peux dire pour l’instant est que vers les Sine Saloum, Kaffrine, Tamba, Vélingara, Kolda et dans le bassin de Anambé, il y a des, nous avons l’espoir qu’il y aura une très bonne récolte. Mais il faut encore attendre d’ici quelques temps encore pour pouvoir apprécier. 

 

L’État du Sénégal vous a t’il accompagné avant la campagne agricole ?

 

Pour vous dire la vérité, l’État du Sénégal ignore les organisations. Nous, syndicats des paysans, des pêcheurs et des éleveurs, nous sommes aux côtés de nos militants sur le terrain pour les assister, les accompagner, les encadrer et les conseiller. Donc notre syndicat mérite un appui de la part de l’État. Le futur Président de la République doit avoir une vision pour le développement durable. Et qui parle de souveraineté alimentaire, doit mettre les moyens et associer les organisations syndicales sur les prises de décisions. 

 

Quelles sont vos attentes de la part de l’État pour cette année après la récolte ?

 

Nous attendons de la part de l’État qu’il mette l’accent sur la mécanisation de l’équipe la DPV (Direction de la Protection des Végétaux). Nous attendons aussi qu’il nous donne des semences de qualité avant la prochaine hivernage. Aussi, nous souhaitons qu’il mette à la disposition de l’Organisation des Paysans du Sénégal des moyens suffisants pour qu’elle puisse faire son travail sur terrain. 

 

Hadj Ludovic