Tract – Le procureur général libyen a ordonné mardi la mise en détention provisoire de l’ambassadrice de Libye à Bruxelles, Amal Jerary, inculpée pour corruption, peu après l’annonce de son limogeage par le gouvernement basé à Tripoli.
L’ambassadrice a été interrogée sur des « abus administratifs et financiers » qu’elle a commis « pour obtenir des avantages matériels illicites, en s’emparant illégalement de fonds publics (…) », a indiqué dans un communiqué le bureau du procureur al-Seddik al-Sour, rapporte l’AFP auteur de cette relation. Constatant « la pertinence des éléments de preuve » contre elle, le procureur a inculpé l’ambassadrice et ordonné sa détention provisoire, selon la même source.
Juste avant la publication du communiqué du procureur, le gouvernement basé à Tripoli et reconnu par l’ONU a annoncé le limogeage de l’ambassadrice, sans fournir des explications. D’après la presse belge, la diplomate est retournée en Libye mais aucune confirmation n’a pu être obtenue dans l’immédiat.
L’affaire a éclaté après la publication sur les réseaux sociaux d’un message audio attribué à Amal Jerary et adressé à sa secrétaire, dans lequel l’ambassadrice affirme avoir besoin d’une « fausse facture » de plus de 200.000 euros pour le traitement d’un cancer en faveur d’un malade libyen « fictif ». Sa secrétaire, Nadima al-Gritli, a confirmé l’authenticité de l’enregistrement à des médias libyens.
L’ambassadrice ajoute dans son message audio qu’elle doit envoyer la facture au ministère de la Santé pour obtenir son aval afin de pouvoir débloquer les fonds. La prise en charge des frais médicaux des Libyens à l’étranger est une pratique courante dans les représentations libyennes à l’étranger.
Mais des responsables libyens dénoncent régulièrement des irrégularités. Selon une enquête du quotidien belge Le Soir publiée le week-end dernier, Amal Jerary est soupçonnée d’avoir procédé à des transferts d’argent public libyen « suspects », s’élevant à des centaines de milliers d’euros, vers une société appartenant à son fils.
Minée par la corruption et les divisions, la Libye est gouvernée par deux exécutifs rivaux: l’un à Tripoli (ouest) dirigé par Abdelhamid Dbeibah, et l’autre dans l’Est, incarné par le Parlement et affilié au camp du maréchal Khalifa Haftar.