Tract-Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a enjoint les représentants de la communauté musulmane à mieux s’organiser pour se « faire entendre », après avoir honoré la mémoire des soldats musulmans morts pour la France pendant la Première guerre mondiale, samedi à la Grande mosquée de Paris.
Si vous voulez faire entendre votre voix, il faut vous organiser », a-t-il affirmé en rencontrant une soixantaine de représentants de la communauté musulmane.
« Si vous n’avez pas d’organisation, c’est un peu votre faute. Vous continuez à vous définir comme Marocains, Algériens, vous ne parlez pas entre vous », a estimé le ministre, alors que la structuration du culte musulman reste un sujet épineux, le « Forum de l’islam de France » (Forif) lancé fin 2021 peinant à s’imposer.
Gérald Darmanin, chargé des cultes, était interrogé sur le « deux poids, deux mesures » qu’éprouvent des représentants musulmans à la veille de la « grande marche civique » contre l’antisémitisme de dimanche. « J’aurais préféré qu?on soit dans l?unité de la République et du peuple français », a lancé l’un des interlocuteurs du ministre.
La visite avait commencé par un dépôt de gerbe en mémoire des 70.000 à 100.000 soldats musulmans morts durant la « Grande guerre », en présence du recteur de la Grande mosquée de Paris Chems-Eddine Hafiz, du préfet de police de Paris Laurent Nuñez, de la présidente de la région Ile-de-France Valérie Pécresse et de la maire du 5e arrondissement Florence Berthout.
Le ministre a ensuite répondu pendant une heure aux questions de représentants musulmans, inquiets en cette période de conflit entre Israël et le Hamas.
« Pourquoi les mosquées ne bénéficient-elles pas de la mêmes sécurité (que les édifices juifs, ndlr)? » ou « pourquoi les manifestations en soutien des Palestiniens ont été interdites? », lui ont-ils notamment demandé.
A la première question, Gérald Darmanin a répondu que « 500.000 euros ont été octroyés pour la sécurité du culte musulman » depuis le début de l’année. « Il reste de l?argent, l?Etat est à votre disposition. Tous les dossiers déposés par des organismes musulmans ont reçu une réponse positive », a-t-il souligné.
A la seconde, il a expliqué les règles de sécurité et de déclaration des manifestations. « La France ne fait pas de distinction entre ses enfants », a-t-il assuré, martelant que « nous n?avons aucun problème avec la communauté musulmane ».
« Sur 2.600 lieux de culte musulmans on a eu, en un mois, trois problèmes », a-t-il ajouté, alors que des représentants musulmans dénoncent une montée du racisme les visant, notamment lors d’interventions dans les médias, depuis l’attaque sanglante du Hamas le 7 octobre contre Israël.
Dans une tribune publiée samedi par Le Monde, Chems-Eddine Hafiz a appelé à « stopper les amalgames » et « arrêter d?accuser les musulmans des maux de notre société, et en particulier de l’antisémitisme ».
« Il y a des discriminations. Mais est-ce que c?est la religion ou la couleur de peau » qui joue, s’est interrogé Gérald Darmanin lors de la rencontre, avant d’évoquer l' »éléphant dans la pièce : un islam radical extrêmement minoritaire mais extrêmement vocal » et qui « tue plus de musulmans que de chrétiens dans le monde ».
« On gagnerait à se dire que l?islam est une religion française et qu?elle doit s?organiser indépendamment de l?influence des pays », a-t-il martelé.