Tract-Les proches de Coline Fay, une Française de 26 ans détenue au Sénégal depuis sa participation à une manifestation, ont appelé samedi à « sa libération immédiate », lors d’un rassemblement qui a réuni environ 150 personnes dans sa région d’origine.
La ministre des Affaires étrangères Catherine Colonna a été interpellée à ce sujet dans un courrier adressé par l’avocat de la jeune femme, Juan Branco, et deux députés de gauche, l’écologiste Aurélien Taché et l’Insoumise Sophia Chikirou.
La jeune Française est incarcérée depuis le 17 novembre et « nous voulons interpeller le ministère pour la faire libérer au plus vite », a expliqué à l’AFP samedi son frère, Antonin, 24 ans, lors du rassemblement organisé à Grenoble (sud-est).
« Nous sommes dans le flou », a-t-il affirmé en marge des prises de parole organisées au centre-ville avec une grande banderole « Free Coline ».
La jeune femme avait été arrêtée « alors qu’elle participait pacifiquement à une manifestation », selon son avocat. Elle est accusée de « complot contre l’autorité de l’Etat », ce qui l’expose à une lourde peine, selon la même source.
« Ces chefs d’accusation sont délirants », a assuré son frère Antonin à l’AFP.
Selon ses avocats, Coline Fay est incarcérée à la maison d’arrêt pour femmes de Liberté 6 au Sénégal et elle a effectué une grève de la faim pendant 12 jours.
Elle vit « à 35 personnes dans sa cellule, avec un matelas pour deux » mais serait suivie quotidiennement par des médecins depuis sa grève de la faim, selon les membres de sa famille.
La jeune femme, qui s’était engagée avec l’organisation écologiste Extinction Rebellion pendant ses études en Espagne, était venue travailler au Sénégal en tant que kinésithérapeute dans un centre pour femmes enceintes.
A Dakar, les autorités n’ont pas donné suite aux sollicitations de l’AFP sur les conditions de son arrestation et ce qui lui est reproché.
La lettre des deux députés et de son avocat affirme que son arrestation « s’inscrit dans un climat de tension politique au Sénégal » et « de dérives autoritaires exercée par le régime de Dakar, sous la présidence de Macky Sall, envers les voix dissidentes et les mouvements populaires, notamment ceux associés à l’opposition politique menée par Ousmane Sonko ».
L’avocat de Mme Fay, Juan Branco, est aussi celui de M. Sonko, actuellement emprisonné. Déclaré coupable en juin de débauche de mineure et condamné à deux ans de prison ferme, il a été écroué fin juillet sous d’autres chefs d’inculpation, dont appel à l’insurrection, association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste et atteinte à la sûreté de l’Etat.
M. Sonko dénonce dans ces affaires un complot pour l’empêcher de participer à la présidentielle de février 2024, ce que le pouvoir dément.