Tract.sn – Ce dimanche 24 mars 2024, alors qu’il est 22h15 GMT, les choses sont claires : pour l’élection présidentielle de ce jour, les Sénégalais ont décidé de « voter utile », et de ne pas s’encombrer de la formule qui veut que « au premier tour, on choisit, au second tour, on élimine ».
Ils ont tenu à trancher le nœud gordien dès le premier tour et ils ont majoritairement accordé leur voix, soit à Bassirou Diomaye Faye , soit à Amadou BA . C’est-à-dire, soit au clone d’Ousmane Sonko, le « principal opposant » du pays (on n’avait plus nul besoin de sondages pour le savoir !) ou soit à l’ex-Premier ministre et dauphin tardif de Macky Sall.
Le match est plié dès ce dimanche entre Diomaye et Bâ. Lesquels n’ont laissé que des miettes aux 17 autres candidats, qui ont récolté, égrenés par les radios FM et télés locales, que des scores de 1, 2 ou 3 voix par bureau de vote. Des candidats réduits au virtuel du code binaire informatique : 0 et 1. Là où Diomaye et Bâ prenaient des centaines ou plusieurs centaines de votes. Et la dynamique victorieuse semble très fortement être du côté de Diomaye, alors que Dakar où je me trouve bruit de sons de klaxons et d’explosions de pétards, qui célèbrent d’ores et déjà cette victoire de l’opposition.
Victoire, d’ailleurs, dès le premier tour, de Diomaye. Nos estimations donnent le candidat de l’ex-Pastef à 56% ce dimanche soir, avec 31% des voix pour Amadou Bâ. Un vrai génocide électoral donc, perpétré par Diomaye et Bâ sur les autres 17 candidats. Son entourage proche présentant vendredi dernier, dans un débat sur Radio France Internationale (RFI), des sondages le plaçant à 43% des intentions de vote et plaçant Diomaye à 39%, Amadou Bâ finit plus proche des seulement 30%, malgré tous les moyens publics mis à sa disposition pour faire campagne. Dès vendredi, sur mes réseaux sociaux et sorties publiques, je lui prédisais un score de 30%. On ne peut même pas dire que les autres candidats-croupions venus de la majorité présidentielle lui ont fait ombrage, à ce candidat capillotracté de Macky Sall qu’est Amadou Bâ : Mahammed Boune Abdallah Dionne, Aly Ngouille Ndiaye, Mamadou Boye Diao, ne sont même pas à 1% des voix.
En plus de l’effet-victimisation que lui offrait son emprisonnement sans jugement depuis un an, Bassirou Diomaye Faye, libéré mercredi dernier, a certainement aussi bénéficié du coup de pouce décisif du ‘‘Peuple du Sopi’’, l’électorat du PDS d’Abdoulaye Wade, qui reste à près de 100 ans d’âge, le Secrétaire général de son parti, dont son fils Karim Wade n’aura été qu’un presque-candidat présidentiel putatif, velléitaire et fantomatique. Abdoulaye Wade après avoir appelé ses militants et sympathisants à voter pour lui, a reçu Bassirou Diomaye Faye hier samedi, et l’a adoubé pour ce nouveau Sopi. Troisième alternance politique donc au Sénégal, en moins de 25 ans. Paris valait une messe ? Eh bien, Dakar vaut bien une masse ; et le fief de Ziguinchor, base arrière du départ de cette reconquête de l’ex-Pastef, valait bien un massage.
La messe est dite et le bissap est tiré. Il faut désormais le boire. Plusieurs des 17 autres candidats ont concédé leur défaite et salué la victoire de Diomaye dès ce dimanche soir, par tweets. Nous espérons tous nous réveiller ce lundi matin du 25 mars 2024, avec l’annonce du coup de fil de félicitations d’Amadou Bâ à Bassirou Diomaye Faye.
Amadou Bâ s’est, en tous les cas, engagé à s’exprimer publiquement ce lundi 25 mars 2024 à 12h. Après avoir annulé sa déclaration publique prévue hier dimanche à minuit. Il concèdera naturellement sa défaite. ‘Tomber franchement vaut mieux que de tituber et trébucher jusqu’à finir par terre’.
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