Tract – C’est (presque ?) inédit au Sénégal : voir un citoyen – Tahirou Sarr, pour ne pas le nommer, président d’un fantomatique mouvement politique qui se prévaut avec vantardise d’avoir soutenu la Coalition Diomaye Président- déverser sa bile sur les ‘hôtes étrangers vivant parmi nous’. Les étiqueter dangereusement ! Scandaleux ! Ou encore un autre compatriote, en l’occurrence Bachir Fofana, de surcroît un confrère qui chronique chez I-TV, oser jeter l’opprobre sur un membre de la communauté chrétienne, porté à des responsabilités étatiques, pour évoquer la présumée non-compatibilité entre sa foi en Jésus et la réalité socio-religieuse du pays (même si Fofana a ensuite présenté ce qu’il appelle ses « plates excuses ». La pente est dangereuse.
Le langage de violence xénophobe prend des proportions inquiétantes depuis fort peu. Le maître d’œuvre, qui se gausse des ‘autres’, ouvre le pavillon du racisme longtemps étouffé, libéré du vernis humaniste. Certainement qu’il a vécu secrètement dans la tentation du rejet et du repoussoir des différences, ou du moins des identités si décalées de son substrat culturel, qu’il a pris son courage à deux mains pour enfin ‘accoucher’ publiquement son dégoût. Histoire de se trouver un exutoire ou un souffre-douleur.
La vérité, c’est que ce monsieur est celui qui a osé aller au charbon pour se faire porte-parole de lui-même et des autres ‘sunugaliens pensants tordus’. Des racistes, il en existe au pays de la ‘Téranga’ (hospitalité légendaire) ! Appelons un chat, un chat ! Pendant qu’on y est, cette discrimination mal cachée envers les soi-disant castés, n’est-ce pas là le lieu de naissance de ce racisme honteux ? Commençons par trouver une thérapie à ce mal ! L’ironie à ce sujet, c’est ce grand paradoxe entre l’humanisme débordant affiché à la télévision, à renfort de textes de loi et de textes sacrés, et l’orthodoxie instaurée chez soi, imposée à ses ’bouts de bois de Dieu’. Et le Sénégalais lambda, quand on n’y prend garde, n’hésite pas à essentialiser les autres, en Naar bi, Niakk bi, Ndringg bi, et autres Ndiago bi, prétextant que ce sont là des surnoms affectueux qui ne prêtent pas à conséquence. Ne soyez le « niakk » de personne ! Ce type de catégorisation est la porte ouverte à toutes les fenêtres de l’étroitesse de l’esprit xénophobe.
Et ce qui fait le plus mal, c’est le suivisme moutonnier, désastreux et décevant, des journalistes du pays. Non seulement, relayer des propos irrévérencieux ne les choquent pas, mais ils aiment en ajouter une couche, déguisée en patriotisme. Inquiétant pour des ‘soldats de l’information’ censés être ‘au service du vrai’ (Rousseau) et de l’équilibre social, et présumés être des agents de progrès social ! Question accessoire en passant : pour « assainir » la presse sénégalaise, faudrait-il en arriver à commencer par fermer certains médias ? ** Notre regretté doyen Mbaye Sidy Mbaye, jute décédé hier – que Dieu ait pitié de son âme – ‘seigneur incontesté du micro radiophonique’, serait certainement d’accord ! Mais bon, on ne fait pas baisser la fièvre en cassant le thermomètre.
Dénonçons le racisme d’où qu’il vienne. Y compris quand il vient des Nègres qui ont subi quatre siècles d’esclavagisme et 150 ans de colonisation. Le racisme et la xénophobie ne sont pas des opinions : ce sont des délit contre des normes et des lois à respecter pour que règnent paix, liberté, harmonie sociale et justice.
Par Bassirou Niang (avec Ousseynou Nar Gueye)