TRACT – Le Président de la République Bassirou Diomaye Diakhar Faye, quelques semaines après sa prestation de serment, avait réservé ses premières sorties dans les familles religieuses du Sénégal comme celle de Touba, de Tivaouane, de Cheikh Oumar Foutiyou Tall, de Médina Gounass ainsi que l’église catholique.
Toujours dans ses sorties, à l’international, Son Excellence Bassirou Diomaye Faye ne s’est toujours pas rendue dans les pays d’Europe, à la place, il a préféré les pays africains, notamment ceux qui partage une frontière avec le Sénégal, à l’exception de la Côte d’Ivoire. On peut citer la Mauritanie, la Guinée-Bissau et la Gambie.
Fort de ces constats, nous avons sollicité Bassirou Ndiaye, titulaire d’un master en Science politique et spécialiste en Politiques publiques pour qu’il nous fasse une analyse sur ces différentes sorties du Président de la République.
Dans cet entretien qu’il nous a accordé, Maitre Ndiaye a abordé avec nous, dans un premier temps, les raisons politiques des visites effectuées chez les chefs religieux. Et dans un deuxième temps, notre invité, en détail, nous parle de l’enjeu des sorties que le Chef de l’Etat a effectué dans les pays voisins.
ENTRETIEN
Nous avons constaté que depuis son élection à la tête de l’Etat, le Président de la République Bassirou Diomaye Faye a réservé ses sorties aux foyers religieux à l’intérieur du pays et aux pays d’Afrique qui ont une frontière avec le Sénégal, à l’exception de la Côte d’Ivoire. Quelle analyse pouvez-vous nous faire en ce sens ?
Le Président de la République nouvellement élu, Bassirou Diomaye Diakhar Faye, a hérité d’un pays marqué par de fortes violences qui ont menacé le tissu social qui a toujours été le socle de la stabilité politique et sociale du Sénégal. Son pouvoir s’inscrit également dans un contexte géographique très tendu avec la menace du terrorisme, la recrudescence des coups d’État dans nos pays frontaliers, mais également la crise institutionnelle au sein de la CEDEAO qui entrave la coopération économique entre les Etats membres. C’est ainsi que lors de ses premières sorties officielles, le Président Bassirou Diomaye Faye a privilégié au niveau national les visites auprès des guides religieux et au niveau international la diplomatie de bon voisinage, en se rendant notamment dans les pays frontaliers, à la rencontre de ses homologues pour discuter sur les enjeux cruciaux et urgents qui doivent être intégrés dans les politiques publiques nationales et communautaires, afin de faire face aux multiples menaces frontalières et favoriser le développement économique, social et environnemental.
Faisons un arrêt sur les visites effectuées à l’intérieur du pays, particulièrement dans les foyers religieux, musulmans comme chrétiens. Quel est l’intérêt politique de ses visites ?
Pour les visites du Président de la République auprès des chefs religieux, il faut rappeler que le modèle de laïcité du Sénégal repose sur une collaboration entre le pouvoir temporel et le pouvoir spirituel. Ainsi, faisant de la réconciliation nationale une priorité, le Président de la République s’est tourné vers les guides religieux qui ont toujours été des régulateurs sociaux capables de nous permettre de surmonter les crises et de maintenir l’équilibre sociétal. Dès lors, le Président de la République a décidé de faire une tournée auprès des guides religieux pour pouvoir s’enquérir de leurs préoccupations, recueillir des prières et des conseils afin de réussir sa mission qui est non seulement d’assurer l’apaisement et la réconciliation nationale, mais également procéder au changement systémique conformément au « PROJET ».
Qu’est ce qui explique ces visites réservées à priori aux pays frontaliers ?
Pour les visites prioritaires aux pays frontaliers, inscrites dans une diplomatie de bon voisinage, le Président perpétue une tradition diplomatique sénégalaise, étant conscient de la puissance diplomatique du pays. En tant que défenseur du panafricanisme et de la souveraineté, il se rend d’abord chez ses voisins pour discuter des défis communs liés à la sécurité et au développement, notamment la menace terroriste, les coups d’État et l’ingérence étrangère. En conclusion, les visites du Président de la République dans les foyers religieux à l’intérieur du pays et chez les pays voisins sont dictées par les crises internes et sous-régionales, où il est appelé à jouer un rôle crucial dans la restauration de la paix et de la sécurité, éléments indispensables au développement.
Hadj Ludovic