TRACT – L’utilisation du tabac par les adultes est souvent causée par des raisons diverses où le fumeur pourrait être considéré comme une victime de son entourage.
C’est du moins le constat que nous avons fait lors des entretiens que nous avons eu avec des fumeurs qui se considèrent accros. Si d’aucuns ont été influencés par leurs camarades d’écoles, d’autres, par contre, ont été influencés d’une façon irréfléchie par des membres de leur famille.
Nous racontant son histoire, Malick Gueye, étudiant originaire de Thiès en Master 1 en Science juridique confie:
“ J’ai commencé à fumer quand je faisais la classe de seconde. Avant je n’avais jamais imaginé fumer un jour mais dans mon groupe tout le monde fumait et comme on dit, les compagnons nous influencent parfois. Ils me passaient le reste de leurs cigarettes et je commençais à goûter peu à peu jusqu’à y être habitué. Maintenant je suis devenu un grand fumeur, je peux fumer jusqu’à 4 à 6 cigarettes par jour. Quand je ne suis pas en activité, c’est la cigarette qui me tient compagnie. Peut-être qu’un jour je vais arrêter mais pour le moment je n’y pense pas, fumer fait partie de moi maintenant, j’en ai besoin pour un bien être psychologique bien que je suis conscient que c’est pas bon pour la santé physique. Je fais régulièrement du sport mais je me rends compte que mes performances ne sont pas les mêmes quand je ne fume pas la journée. Je me sens plus léger, plus performant quand je ne fume pas avant d’aller aux entraînements contrairement à quand je fume une heure avant les entraînements. Je sais que la cigarette est nuisible pour la santé quand on en abuse comme c’est écrit sur le paquet mais toutes ces publicités, ces campagnes de sensibilisation ne nous aident pas à laisser la cigarette, elles n’ont pour le moment aucun effet sur nous”, nous a-t-il fait savoir.
Quant à Saliou Gueye, étudiant en deuxième année en communication, ses débuts en tant que fumeur datent de plusieurs années alors qu’il était à l’école primaire:
“ J’ai grandi dans une famille où mes grands frères et leurs amis fument. J’étais le plus jeune de la maison du coup c’est moi qu’ils envoyaient pour que j’aille les acheter de la cigarette à la boutique. Au début, le boutiquier de notre quartier refusait de me vendre de la cigarette jusqu’à ce qu’un de mes grands frères lui dise que c’est lui qui m’envoyait. Je ne fréquentais que mes grands frères qui étaient des références pour moi, je voulais être comme eux dans toute chose. Et un jour, je suis allé acheter de la cigarette pour moi sans le boutiquier ne se doutait que c’était pour moi, je commençais à fumer et ça me faisait grave toucher au premier tire mais peu à peu je m’y suis habitué. Mais le jour où ma mère a su que je fumais, j’ai été bastonné comme un âne et j’ai été privé de petit déjeuner pendant une semaine quand je partais à l’école. La punition avait fait son effet parce que j’avais carrément laissé la cigarette et ma mère avait ordonné à mes frères de ne plus jamais m’envoyer pour leur en chercher. Mais après quelque temps, j’ai recommencé avec des camarades de classe. On fuyait les cours et nous allions nous cacher dans une maison en construction pour fumer, loin du regard des yeux indiscrets. Et si je vous dis la vérité, mon plus grand regret c’est d’avoir eu à fumer un jour parce que je suis devenu accro et j’envie beaucoup les hommes lucides qui n’ont jamais fumé de leur vie”, regrette-t-il.
Ancien grand fumeur, Omar Mbaye, âgé de 48 ans et qui a arrêté de fumer grace à sa femme, nous laisse entendre:
“Vous ne trouverez certainement pas un fumeur aussi grand que je l’étais à l’époque. En 24 heures je pouvais finir un paquet et demi de cigarettes. Je ne pouvais pas rester plus de 30 minutes sans fumer et ça m’empêchait même de jeûner pendant le ramadan. Il m’arrivait de ressentir de la douleur au niveau de la poitrine mais à chaque fois je prenais du lait me disant que ça allait laver mon organisme. La première fois que ça m’est arrivé j’avais cru être atteint de cancer mais figurez-vous que ça ne m’a pas empêché de continuer de fumer en me disant que j’allais diminuer peu à peu jusqu’à laisser complètement la cigarette. Mais en réalité, c’est ma femme qui était à l’époque ma petite amie qui m’a aidé à laisser la cigarette grâce à un marabout sans que je ne sois au courant de ses manœuvres. Elle a toujours détesté me voir fumer et me disait qu’elle n’allait jamais m’épouser tant que je n’arrête pas de fumer. Et quand on avait programmé notre mariage, à peine une semaine avant, j’étais parti chez elle et dans ses habitudes, elle m’avait donné un verre de lait. Mais cette fois elle avait mélangé le lait avec quelque chose qu’un de ses oncles marabout lui avait donné lui disant que j’allais définitivement arrêter de fumer. Ce jour là, je vomissais comme pas possible et il n’y avait que du noir qui sortait. Et encore une fois, j’avais cru que c’était des signes d’un cancer. Mais elle m’a rassuré après en me disant ce qu’il en est. Je lui en voulais au début mais après j’ai fini par comprendre que c’était dans mon intérêt”, nous a-t-il avoué.
Hadj Ludovic