[TRIBUNE] L’entrepreneuriat féminin en Afrique Centrale: un antidote contre la précarité?

Crédit photo: AMECAS

Tract – Face aux mutations sociales et aux polycrises, caractéristiques majeures de ce début de siècle particulièrement bouleversé et  marqué par des violences généralisées, la vitalisation de l’entrepreneuriat féminin se pose comme un potentiel à exploiter pour la configuration d’une nouvelle ère socio-économique sur le continent africain. Dans la présente tribune, nous essayons, à partir de quelques  données, de démontrer  que la montée en puissance de l’entreprenariat féminin se pose comme un potentiel  pour une croissance économique importante visant à éradiquer la précarité. D’ailleurs, selon une récente étude du WIA Philanthropy, un quart des femmes africaines en âge de travailler sont des entrepreneures et sont, d’après les experts, à l’origine de 65 % de la richesse du continent. 

 

Peu de données sont disponibles pour quantifier l’entrepreneuriat au féminin en Afrique centrale. Toutefois, il est important, au regard de certaines études menées par l’OIT et l’AFD, de souligner que l’entrepreneuriat féminin en Afrique Centrale est un exemple pour toutes les femmes dans le monde. Mais, il est essentiel que l’on accompagne ces femmes en facilitant leur accès à l’éducation et au financement, et en développant les infrastructures.

Les femmes entrepreneures en Afrique sont souvent motivées par la nécessité de subvenir aux besoins de leur famille et de leur communauté, mais elles aspirent également à l’autonomie économique et à l’émancipation. Elles sont impliquées dans une large gamme de secteurs, y compris l’agriculture, l’artisanat, le commerce, les services et les nouvelles technologies. Leur présence dans ces secteurs contribue à diversifier l’économie africaine et à favoriser l’innovation.

Selon l’étude Women Entrepreneurship in Africa : a path to empowerment, 24 % des femmes africaines créent leur entreprise, et en moyenne une femme sur trois déclare avoir un projet de création. C’est le plus fort taux de création d’entreprises (depuis la création jusqu’à 42 mois d’activité) constaté à l’échelle mondiale (contre 17 % en Amérique latine et Caraïbes, 12 % en Amérique du Nord et 8 % en Europe et Asie centrale). Pour l’immense majorité de ces femmes, il s’agit d’assurer leur subsistance et celle de leur famille. Un phénomène que l’on retrouve surtout dans les sociétés, comme celles des pays d’Afrique Centrale, où domine l’économie informelle dans laquelle la situation économique des femmes est particulièrement vulnérable.

Pour un accompagnement durable des femmes en Afrique centrale

Dans cette étude, deux chiffres interpellent : 39 % des entrepreneuses cessent leur activité parce que non profitable et 15 % parce qu’elles n’ont pas accès aux financements nécessaires pour se développer. D’où l’enjeu d’un accompagnement durable des femmes africaines, pour les former, créer des incubateurs, convaincre les investisseurs, structurer des réseaux grâce au numérique; autant de « bonnes pratiques » qui accélèrent la construction d’une nouvelle ère pour le continent africain.

En Afrique Centrale, il est capital de mettre en place des politiques et des programmes visant à soutenir l’entrepreneuriat féminin en fournissant un accès équitable aux financements, aux formations, aux réseaux et aux opportunités commerciales. L’entrepreneuriat est donc une opportunité de développement socio-économique à saisir. Cela permettra non seulement de lutter contre la pauvreté et le sous-emploi des femmes, mais cela favorisera la création des richesses sans laisser personne de côté.

Baltazar ATANGANA

Gender and inclusion advisor

noahatango@yahoo.ca

Crédit photo: AMECAS