Tract – « On ne tolèrera plus qu’aucune école interdise le port du voile » : M. Ousmane Sonko, avec cette mâle déclaration, vous avez planté un bien vilain coup de poignard dans le dos de la République du Sénégal, tout Premier ministre que vous en soyez.
Et les contorsions sémantiques interminables de votre ministre de l’Éducation Moustapha Mamba « Guirassi », après qu’il soit allé tenter, ventre à terre, de jouer au sapeur-pompier chez l’autorité ecclésiastique, n’y changent rien.
Le mal est fait et il est profond. Le malaise est là et il est aigu.
M. Ousmane Sonko : en pompier-pyromane, vous avez déchiré le tissu social de notre pays, pour cette affaire de textile symbolique à mettre sur la tête de certaines de nos petites têtes crépues, prétendument, selon vous, dans toutes les écoles du Sénégal.
Par inclination naturelle, je suis de l’école qui veut que les écoles publiques ou écoles privées, laïques ou confessionnelles, sont maîtresses chez elles et de leur règlement intérieur.
J’estime qu’on a trop fait entrer la société dans l’espace de l’école, au motif de faire « vivre leur milieu » aux élèves.
Après, les spécificités d’un Sénégal, juxtaposition de communautés en même temps que nation, pousseront de plus en plus à la prise en charge de ces spécificités communautaires dans tous les espaces sociaux. Par pur populisme.
« Je suis convaincu, au nom de la liberté, qu’on ne saurait accepter l’interdiction du port du voile dans les écoles de la République. Et selon ma compréhension, les établissements visés ne le souhaitent pas. Pire, l’État du Sénégal, en concertation avec le Diocèse a réglé cette question depuis 2019 », écrit mon jeune frère énarque Hamidou Anne sur cette polémique. Que nenni, Hamidou.
On nous parle de tolérance dont il faudrait faire montre ?
Tolérance égale condescendance, pour moi.
On ne tolère que ceux à qui on se croit supérieurs. Pas ceux à qui on se croit égaux.
On nous parle de liberté ?
Mais enfin : chacun a la liberté d’inscrire ses enfants dans l’école, collège ou lycée dont le règlement intérieur est conforme à ses choix de vie et à ses convictions spirituelles. Il y a bien suffisamment d’écoles au Sénégal.
Même les bars, les restaurants et les boîtes de nuit, qui ont besoin d’un agrément de l’État pour exercer, peuvent refuser l’accès de leur lieu à un client potentiel, pour raison de « dress-code » contrevenant, laissé à la libre appréciation de ces boites de nuit, restaurants et bars.
Votre gouvernement GOS veut imposer l’acceptation du port du voile à ces écoles qui ne veulent pas du voile parce que votre État leur donne des subventions ?
Eh bien, les bars, restaurants et night-clubs ont aussi eu vos subventions publiques, pendant le Covid-19.
Ousmane Sonko, apprenez à respectez les « accommodements raisonnables » entre communautés spirituelles de notre pays.
Pas des « accommodements raisonnables » au sens canadien, qui consiste à donner de l’espace à chaque communauté dans le champ public.
Mais plutôt des « accommodements raisonnables », au plein sens sénégalais du terme, qui consiste à ne pas empiéter sur les plates-bandes d’aucune communauté socio-religieuse.
A cet égard, quand on a voulu construire une église à Tivaouane, les habitants ont brûlé le chantier et la famille maraboutique de Tivaouane a fustigé le projet de construction d’église. Tivaouane n’est pourtant le titre foncier d’aucune famille, fût-elle maraboutique.
De même, il ne vient à l’idée d’aucun chef d’État du Sénégal de former son Gouvernement sans y inclure au moins deux ministres de confession chrétienne, et plus précisément, catholique.
M. Ousmane Sonko, respectez nos équilibres socio-communautaires. La tectonique des plaques que vous avez voulu susciter avec votre affaire de voile musulman généralisé dans toutes les écoles de ce pays, publiques comme privées, laïques comme confessionnelles, ne vous grandit pas. Et ses répliques sismiques n’épargneront personne, si le tremblement de terre que vous souhaitez advient .
Mais comme vous avez pu le voir, les communautés concernées ne se laisseront pas faire. Car, communautés majoritaires comme communautés minoritaires de ce pays sont d’égale dignité, au sein de la République sénégalaise. Que ce soit en termes de droits quantitatifs comme qualitatifs.
Tenez-vous le pour dit, après l’avertissement sans frais que vous avez reçu du clergé catholique, du laïcat catholique, et aussi de la part de larges pans de notre pays, y compris de (dignitaires) musulmans.
Ousseynou Nar Gueye
Éditorialiste (Tract.sn) et Communicant