[DÉCOUVERTE-TRACT]: MBOSSÉ, TOTEM DE KAOLACK: Voici l’histoire de cet être mi-humain, mi-varan, protecteur de la capitale du Saloum

TRACT – Les pratiques et réalités culturelles, même avec le monde moderne et l’avancé du temps, continuent toujours d’exister et de régir la vie de certaines communautés.

 

En Afrique, les dogmes sont toujours respectés, les rites pratiqués et les mythes vénérés, même si on est monothéiste.

Au Sénégal, le constat est que toutes les villes traversées par la mer, bras de mer ou fleuve, ont toutes des pratiques mythiques qu’ils font sur la base d’une réclamation du totem de la ville. On peut citer entre autres, ‘Leuk Dawour’ pour Dakar, ‘Mame Coumba bang’ pour Saint-Louis, Mame Mindiss pour Fatick et Mbossé pour Kaolack.

Justement, parlant de Mbossé, cette dernière, définie comme étant le totem de la ville de Kaolack, a attiré notre curiosité. Pour mieux creuser sur l’histoire de ce mythe respecté depuis des décennies par les habitants de la ville, nous nous sommes rendus à Kaolack pour interroger de prêt la question.

‘Mbossé, totem de la ville de Kaolack, incarné par un varan’

“L’histoire de Mbossé remonte de loin. D’après ce qui nous est raconté, il y avait une dame du nom de Mbéngué Ndiagne qui avait deux jumelles. L’une était une personne normale et l’autre, pendant la nuit, de transformait en “bar” (varan). À un certain moment, cette dernière a décidé de rester sous forme de varan et d’aller vivre dans la mer. Depuis lors, elle est considérée comme le totem de la ville de Kaolack. Et chaque année, en août ou septembre, sa famille part à la mer pour lui faire des offrandes, afin qu’elle protège la ville et ses habitants”, nous a expliqué la dame Aissatou Bitèye.

Notre interlocutrice, très ouverte au sujet, poursuit:

“Nous avons trouvé cette réalité ici. Moi je suis née et grandit ici, je vais bientôt avoir la soixantaine d’année et j’ai trouvé mes parents respecter cette tradition”, nous a-t-elle répondu à la question de savoir depuis quand date cette pratique.

Mme Aissatou Bitèye qui nous a été recommandé comme étant la mieux placée pour parler de ce sujet par deux personnes avec qui nous avons eu une discussion sur la question, précise :

“Je ne suis pas de la famille de Mbossé, c’est pourquoi je m’empêche de dire tout ce que je sais à ce sujet. Mais ce que je peux vous jurer, est que Mbossé est réelle”, a-t-elle promis.

Nous avons compris que chaque année, au courant du mois d’août, des ‘ndeups’ et cérémonies divinatoires sont organisés par la famille de ce totem qui fut humain. Cette cérémonie réunisse beaucoup de monde, venant même d’autres régions du Sénégal.

Durant cette cérémonie, des consultations sont faites et permettent aux petits fils et petites filles de Mbossé qui servent le culte, de percer l’avenir et de placer la ville de Kaolack sous la protection bienveillante de leur ‘grande-mère’ grâce à ses pouvoirs surnaturels.

Mais contrairement à d’autres rituels, le Mbossé ne demande pas de sacrifice, elle n’aime pas le sang et ne supporte pas la couleur rouge. Tout ce que le totem demande comme offrande, c’est du lait caillé non sucré.

Au chapitre de ces considérations, plusieurs animaux, plantes et espaces font l’objet de vénération, d’adoration ou de protection au Sénégal. Bien qu’elles sont considérées comme étant archaïque par d’aucuns, d’autres, par contre, continue de croire à ces mythe, peu importe à quel point le monde est moderne.

Hadj Ludovic (Envoyé spécial à Kaolack)