[POINT DE VUE] Le Sénégal du redressement dans la tradition: Organiser les ruptures avec les continuités coloniales (Par Diagne Fodé Roland)

Tract – ‘Dès le rapport de la Cour des Comptes connu, nous avions signalé que l’actuelle phase de transition va nécessiter une sous phase de redressement des finances publiques. Le premier ministre et président de notre parti Pastef confirme ce que nous tirions de notre analyse des rapports des corps de contrôle, notamment du rapport de la Cour des Comptes. Les audits sectoriels et centraux montrent à suffisance que la gestion calamiteuse de la tyrannie hors la loi des libéraux de l’APR/BBY a mis le pays dans le précipice de la ruine avec en prime 4000 milliards de dette cachée confirmée même par les complices des Institutions de Bretton Woods. 

L’opposition libérale néocoloniale cherche coûte que coûte à dénigrer le souverainisme vainqueur porté au pouvoir dans les urnes, certains, parfois de bonne foi, pointent du doigt le « contraste grandissant entre les attentes nourries et les transformations concrètement engagées. Si des signaux de changement existent, la promesse d’une rupture profonde se heurte aux réalités sociales, institutionnelles, culturelles et économiques du Sénégal ».
Les bavures policières de Rosso et Cambérène contre des manifestants, la non abrogation de l’arrêté Ousmane Ngom, la frilosité sur les articles 80, 254 du code pénal, les mouvements grévistes des secteurs de la justice, de la santé, de l’éducation nationale, les passifs sociaux hérités de l’ancien régime en attente, les appels au secours persistants dans le monde agricole, chez les paysans, éleveurs, pêcheurs, les inondations à craindre durant l’hivernage, la vie chère, les énormes écarts de salaires entre les travailleurs du pays, etc sont autant d’épreuves et de défis à relever de l’actuelle période de transition.
Or, le gouffre réel des finances publiques héritées du pouvoir hors la loi de l’APR/BBY est un véritable couteau sur la gorge du nouveau pouvoir souverainiste. C’est ce que signale le président de la République quand il déclare « nous faisons face à un État contraint, dont les marges de manœuvres budgétaires et financières n’existent quasiment plus. Ensuite une administration républicaine, certes, mais manquant de cohérence, et figée dans des schémas dépassés ». C’est ce que dénonce le premier ministre quand il dit que « plus grave que ce que nous envisagions, nous avons découvert un pays au quatrième sous sol ».

Il devient urgent que la reddition des comptes prenne son envol judiciaire pour faire rendre gorge aux voleurs pilleurs de la République, que l’Assemblée Nationale qui a mis en place la Haute Cour de justice s’empare de la saisine du député Guy Marius Sagna pour juger l’ex-président de la République en exil et que justice soit rendue aux martyrs et victimes des répressions arbitraires du règne de l’APR/BBY.

La sous phase du redressement préalable qui nous est ainsi imposée dans l’actuelle transition exige aussi un jub, jubbal, jubbanti exemplaire de la part de l’actuelle gouvernance souverainiste. Or, l’État néocolonial dont nous avons hérité a, durant 64 ans, formaté notre administration à l’image de l’administration coloniale dans l’esprit et la pratique que le peuple colonisé et le citoyen sont des vaches à lait et que les deniers publics servent d’abord les privilèges des détenteurs des pouvoirs Exécutif, Législatif, Judiciaire, etc. Ayant abdiqué en se soumettant aux bourgeoisies impérialistes, la gestion gabegique et népotique de l’appareil d’État néocolonial est le chemin le plus court pour devenir milliardaires en francs CFA pour nos bourgeoisies nationales politico-bureaucratiques.

Les « schémas dépassés » dont parle l’actuel président de la République sont ceux de l’habitus néocolonial multi-décennal de 1960 à nos jours qui fait que notre appareil d’État est composé d’un personnel qui se divise en trois catégories : – une minorité patriotique – une minorité de profiteurs – une majorité conformiste qui par habitus balance entre les deux minorités selon qui est au pouvoir.

Il faut ajouter que le parti souverainiste, Pastef, qui a renversé avec le sacrifice de plus de 80 martyrs le régime libéral néocolonial est aussi composé de cadres militants dont on peut dire comme nous l’écrivions : «L’opposition frontale à la mal-gouvernance des corrupteurs et corrompus, à la servilité abrutissante à la françafrique, l’eurafrique et l’usafrique pilleuses de nos richesses nationales et l’option souverainiste de la jeunesse pour une vie meilleure au pays contre l’émigration piroguière ou désertique macabre pour devenir sans papiers dans les « eldorados » en déclin d’Europe et des USA met en présence trois courants au sein même du camp souverainiste uni : – le souverainisme libéral mondialiste qui considère que seul le secteur privé crée des emplois et permet la transformation industrielle des richesses nationales pour obtenir une valeur ajoutée en vue d’exporter ; – le souverainisme conservateur libéral mondialiste qui ramène le souverainisme à sa dimension culturaliste sans différencier ce qui est progressiste et réactionnaire ; – le souverainisme révolutionnaire qui œuvre pour que les classes laborieuses (ouvrier, paysan, éleveur, pêcheur, travailleur de l’informel) s’invitent dans le grand débat national pour le ‘’moom sa réew, bokk sa réew et defar sa reéw’’».

De cette composition socio-politico-idéologique diversifiée découle des conceptions différentes du jub, jubbal, jubbanti qui se sont manifestées dans ce débat salvateur sur « les dépenses de certains ministères, sukoroukor, les voitures, les billets de pèlerinages, les millions des groupes parlementaires, la rationalisation des dépenses de l’État, etc. ».

Le redressement annoncé par le premier ministre rend indispensable de maîtriser et réduire de façon drastique le train de vie de l’État. Or, il est clair que redresser l’économie de ce pays va exiger que « tous et chacun serrent la ceinture ». Il y va donc de la crédibilité de la nouvelle gouvernance que l’effort demandé à tous et chacun commence d’abord et de façon visible par les gouvernants eux-mêmes. L’exemplarité dans le jub, jubbal, jubbanti des pouvoirs Exécutif, Législatif, Judiciaire est une exigence de salubrité publique base de la crédibilité des politiques de redressement des finances publiques.
Il nous faut donc repérer les continuités néocoloniales souvent liées à l’habitus conformiste qui tend à reproduire le passé et organiser la rupture fondé sur le jub, jubbal, jubbanti et le don de soi.

Fondamental donc que les bouches s’ouvrent pour ne rien laisser passer, car « le linge sale se lave en famille » démocratiquement en toute transparence d’abord au sein du groupe parlementaire et dans le parti, mais ensuite fondamentalement devant le peuple seul juge et garant en dernière instance de la réussite de notre expérience souverainiste.

Une certaine incompréhension et colère s’empare des bases militantes de Pastef, notamment à propos des nominations, mais aussi à propos de la léthargie dans laquelle Pastef est quasiment plongé depuis la victoire. Une des sources de cette léthargie réside dans le cumul des mandats entre postes de responsables de Pastef et postes dans le gouvernement, dans les agences dont il faudrait par ailleurs évaluer leur fonction de doublons et leur utilité, de PCA ou encore au parlement. Ce cumul de mandats fait qu’il n’y a plus de responsables pour s’occuper et faire fonctionner à plein temps le parti Pastef pour qu’il maintienne et développe le lien avec les bases militantes et le peuple, la force de contrôle et de proposition de l’action publique. Il nous faut sortir de ce sentiment d’abandon que vivent certains militants des premières heures et militants, notamment de la gauche historique résistante, arrivés par les fusions dans Pastef. La « masse critique » à laquelle fait appel le président de notre parti Pastef ne peut être obtenue qu’à travers l’engagement soutenu d’éducation populaire des bases militantes auprès des populations. L’objectif du jub, jubal, jubbanti est de faire émerger un nouveau type de militants, de députés et de citoyens pour libérer le Sénégal et l’Afrique de l’oppression néocoloniale.

Ceux et celles qui ont peur du peuple deviennent facilement les proies de l’ennemi néocolonial et impérialiste. Nous n’avons donc rien à cacher au peuple, mais à l’informer pour le réarmer comme cela a été fait face à la tyrannie meurtrière de l’APR/BBY pour obtenir la victoire présidentielle du 24 mars et législative du 17 novembre 2024.

Oui, Diomaye/Sonko ont eu raison de dire la vérité sur l’état catastrophique des finances publiques dont ils ont hérité. C’est au parti Pastef, du sommet à la base, et dans la perspective de son indispensable 1er congrès d’occuper le terrain de la scène politique au sein du peuple en faisant vivre dans les faits l’enseignement suivant du grand révolutionnaire communiste Amilcar Cabral : « Ne pas avoir peur du peuple et l’amener à participer à toutes les décisions qui le concernent, telle est la condition fondamentale de la démocratie révolutionnaire que nous devons réaliser progressivement ».
Il faut ajouter à ces points éthiques et déontologiques mobilisateurs cardinaux :
– l’initiative annoncée par le FRAPP d’un audit publique de la dette afin d’en établir ce qui est légitime, illégitime et vautour; le parti Pastef doit s’y engager pleinement;

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