
Tract Hebdo – Des signaux récurrents laissent entrevoir des tensions au sommet du pouvoir. Évincé de la présidentielle en 2024, Ousmane Sonko entendrait-il prendre sa revanche sur Bassirou Diomaye Faye ?
« Président, tu dis souvent que je suis têtu ; on ne s’entend jamais, mais nous sommes toujours ensemble. » Ce 15 mars 2024, neuf jours avant le premier tour de la présidentielle, Bassirou Diomaye Faye et Ousmane Sonko sont assis côte à côte lors d’une conférence de presse quand le candidat officiel des Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (Pastef) lance à son mentor, devenu inéligible, cette phrase lourde de sous-entendus.
Dans une campagne électorale sous haute tension, Pastef a dû faire le deuil de la candidature d’Ousmane Sonko, son maître à penser, et se rabattre sur celle de sa doublure, alors secrétaire général du parti. Faisant contre mauvaise fortune bon cœur, les deux hommes ont adopté un slogan de circonstance, censé convaincre leurs électeurs qu’ils sont interchangeables : « Diomaye mooy Sonko« . Autrement dit, « Diomaye égale Sonko ».
Pourtant, derrière les mots spontanés du candidat de remplacement apparaissent déjà les germes de possibles tensions. Celles-ci éclateront au grand jour le 10 juillet 2025. Le président Bassirou Diomaye Faye, alors en visite aux États-Unis, est reçu à la Maison-Blanche. Pendant ce temps, Ousmane Sonko, en sa qualité de président de Pastef, réunit les cadres patriote à Dakar afin de célébrer l’intronisation du conseil national du parti.
Certains pourraient penser que j’ai des divergences avec le Premier ministre. Non ! Ousmane Sonko est mon ami.
Durant sa prise de parole, son auditoire découvre que cet ordre du jour n’est qu’un prétexte. Sans s’embarrasser de diplomatie, le Premier ministre s’en prend alors à son alter ego. « Je ne démissionnerai pas. Si le président de la République ne veut plus de moi, qu’il me limoge », vitupère-t-il. Esquissant la thèse d’un complot qui se tramerait en coulisses pour le pousser vers la sortie, et critiquant la passivité du chef de l’État devant les attaques intestines dont il estime faire l’objet, Sonko laisse percer son amertume, quitte à semer la zizanie. À son retour à Dakar, le président, s’efforçant de minimiser la portée de l’incident, commentera : « Certains pourraient penser que j’ai des divergences avec le Premier ministre. Non ! Comme Ousmane Sonko l’a dit lui-même, il est mon ami. On n’a aucun conflit. »
Sorties hostiles tous azimuts
Depuis sa nomination, le tonitruant Premier ministre multiplie les sorties hostiles, voire les menaces, contre l’opposition, la magistrature, les médias, et surtout contre Macky Sall, son ennemi irréductible. Il fait aussi cavalier seul, en particulier dans l’affaire de la dette cachée, dressant un tableau dramatique de l’état des finances publiques lors d’une conférence de presse, en septembre 2024, au risque de faire paniquer les marchés, les bailleurs de fonds, les agences de notation et le Fonds monétaire international (FMI).
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