Au moment où les gouvernements africains, les Ong, les partenaires au développement, les institutions internationales font des pieds et des mains pour le mieux-être des populations dans le monde, et particulièrement en Afrique, des individus trouvent sans conscience, la manie de faire un « détournement d’objectif ». Et c’est de cela dont il s’agit dans cette affaire de vol qualifié « détournement de moustiquaires en Guinée. » Un complice a dû leur trouver « des pieds » pour franchir la frontière malienne. Lorsque le pot aux roses a été découvert, après enquête, les responsables ont été cueillis et font actuellement l’objet d’une procédure judiciaire.
En octobre dernier, l’ancien ministre de la Santé Dr Edouard Nyankoye Lamah avait frôlé l’audition dans le dossier pour « abus de confiance », « vol » et « recel » de moustiquaires financées par des institutions partenaires de la Guinée. Quelques semaines après, il a été limogé puis nommé à la Présidence de la République. Quant au juge d’instruction en charge du dossier, Alphonse Charles Wright, il a été nommé comme juge au tribunal de première instance de Dixinn. Quel sera donc la suite à réserver à ce dossier ? En attendant de le savoir, Guinéenews, que Tract a consulté, à lui-même pu consulter le rapport d’une commission rogatoire qui a séjourné au Mali entre-temps.
Le rapport indique que quelque 50 mille moustiquaires ont été trouvées sur le territoire malien. La Commission rogatoire partie de la Guinée a permis d’inculper trois personnes dont deux Maliens et un ressortissant guinéen vivant à Bamako pour « recel de moustiquaires ». Si l’affaire n’est pas étouffée, ces trois personnes devraient être transférées en Guinée en vertu de la convention de coopération judiciaire du 29 mai 1963 signée par la Guinée et le Mali. De son côté, dans une autre procédure différente de celle de la justice guinéenne, la justice malienne poursuit trois Maliens pour « vol qualifié ».
Dans l’entrepôt d’un député malien
Comment les six personnes auraient pu voler ou receler les moustiquaires au Mali ? Selon le rapport, les trois personnes inculpées pour « recel » – tous des commerçants grossistes – ont indiqué avoir acheté les moustiquaires avec des commerçants guinéens. Le rapport indique que ces commerçants guinéens auraient soudoyé des agents douaniers de Kourémalé (à la frontière guinéo-malienne) pour pouvoir passer avec les moustiquaires.
Le rapport indique aussi que 18 ballons de moustiquaires ont été saisis dans l’entrepôt d’un député malien… Celui-ci aurait dit qu’il est le représentant au Mali d’une entreprise américaine de production de moustiquaire. Mais une mission américaine au Mali aurait permis de prouver que les moustiquaires sont bien venues de la Guinée et ont été fournies à la Guinée par Against Malaria Foundation, Catholique Relief Service et l’Usaid.
Un autre fait a attiré l’attention de la commission rogatoire : l’Etat malien avait pris 2000 moustiquaires avec PSI-Mali lors d’une campagne de distribution de moustiquaires en 2018. Pour la restitution, l’Etat a lancé un appel d’offres pour la fourniture des 2 000 moustiquaires. Et c’est un opérateur économique malien qui a remporté le marché et qui a réussi à fournir les 2 000 moustiquaires. Où les a-t-il pris ? C’est la question que les enquêteurs se posent.
De nouvelles inculpations en Guinée ?
Selon des indiscrétions proches du dossier, un haut responsable du Programme national de lutte contre le paludisme était sur le point d’inculper que tout à coup le juge en charge du dossier a été affecté au TPI de Dixinn. En effet, la Commission nationale de coordination était composée de cadres du Programme national de lutte contre le paludisme et de cadres du ministère de la Santé. Après avoir mis en place un plan de distribution qui partait de la macro planification à la visite à domicile post distribution en passant par la micro planification, le dénombrement et la distribution, la Commission s’était appuyée sur des commissions techniques de distribution. En dépit de ce plan et de ces commissions techniques, quelque 50 mille moustiquaires seraient quand même sorties pour aller inonder les marchés de Bamako.
Tract (avec Guinéenews)