Les mâles sénégalais (surtout musulmans; les chrétiens du pays étant moins enclins à la polygamie) le savent : dans ce marché matrimonial très concurrentiel qu’est celui du pays de la Teranga, le meilleur moyen de ne pas arriver à épouser une niarèle (seconde femme) est d’en informer au préalable la awo (première femme). Il faut l’annoncer à cette dernière une fois que l’hymen est noué et même consommé. Et mieux encore, le lui faire annoncer au lieu de le faire soi-même, après que la cola des deuxièmes noces ait été croqué par les convives. Ou alors, le futur polygame que vous êtes arrivera à son second mariage dans un état d’éclopé.
Il est va de même de la monnaie. Et le franc CFCA n’y échappera pas. On n’annonce pas la fin prochaine d’une monnaie et un changement aussi important que celui d’une banque centrale, sans risques gros d’intempéries économiques et financières.
Ouattara aurait dû le savoir, quand hier, samedi 21 décembre, aux côtés d’Emmanuel Macron (première faute de goût que cette pose à deux devant les micros), il a annoncé l’indépendance monétaire bientôt retrouvée des pays de l’UEMOA, sous le regard du président français : selon Ouattara donc, ADO (« A-dos-solutions ? »), le franc CFA disparaîtra en juillet 2020, pour être remplacé par l’Eco, la nouvelle monnaie ouest africaine.
Nouvelle monnaie de la Cedeao ou de l’Uemoa ? Rien n’est sûr, car on ne sait si le Ghana et le Nigéria intégreront l’Eco dès sa création. Nouvelle Banque centrale à Abidjan ou à Abuja (cela est donc encore loin d’être tranché). Parité fixe avec l’Euro ? Permettez-nous d’en douter, quand hier, le ministre français de l’Economie, Bruno le Maire, marquant à la culotte Ouattara, annonce illicco avoir signé l’acte mettant fin au franc CFA, dans un tweet tout en rodomontades, à la manière de Trump.
En d’autres termes, depuis hier, la Banque de France ne garantit plus le franc CFA et n’assure plus sa convertibilité. Le président Alassane Ouattara vient de nous faire piquer là un AVC à l’échelle sous-régionale, dont il est sûr que nous ressortirons avec une hémiplégie.
Qu’a dit Ouattara hier ? Le président ivoirien a annoncé « le remplacement du franc CFA par l’éco en Afrique de l’Ouest : Aux côtés d’Emmanuel Macron, il a annoncé ce 21 décembre la fin prochaine du franc CFA qui sera remplacé par l’éco. Les huit pays de l’actuelle zone franc en Afrique de l’Ouest vont couper les liens techniques avec le Trésor et la Banque de France, ils géreront eux-mêmes cette monnaie sans interférence de la France. ».
Hé bien, cette vraie-fausse proclamation de souveraineté retrouvée est une victoire à la Pyrrhus et une défaite stratégique en marche pour l’Uemoa. C’est une annonce seulement de nature à faire jouer les spéculateurs de monnaies contre le FCFA pour sa redévalution, après celle de janvier 1994.
Un remplacement imminent de monnaie ne s’annonce pas, il doit se constater au réveil par les populations. Avec cette annonce de Ouattara, tous ceux qui peuvent changer leur FCFA en devises internationales ( Euro et autres) vont commencer à le faire et être poussés à s’y résoudre : les multinationales et les salariés nantis, les industriels, les banquiers, les hommes d’affaires, les populations diasporiques adeptes du Western Union…
Jusqu’en juillet 2020, le FCFA ne sera plus que la monnaie d’échange (monnaie de singes) des couches modestes et de la classe moyenne pressurisée de toutes parts et qui n’a pas les moyens d’épargner, encore moins de thésauriser. Les agneaux du futur sacrifice donc.
De plus, cette annonce ouattaresque (don quichottesque ?) conduira à un marasme économique et a une rétraction/contraction de l’activité économique dans tous les pays l’UEMOA , durant le premier semestre 2020, et jusqu’en juillet: tous les nantis vont non seulement thésauriser de l’euro, en prévision de le changer en Eco après juillet, mais dès ces fêtes de décembre, ils vont également restreindre au maximum toutes dépenses non nécessaires : sorties, voyages, restaurants , frais d’hôtels, achats de luxe (à part l’or)….
De Ouattara, on aurait espéré une autre posture, plus précautionneuse et de meilleur père de famille, plutôt que cette déclaration inconséquente d’Abidjan. Afro…Affreux.
Non, président ADO, qui vous nous mettez à dos, un changement de monnaie et de banque centrale ne s’annonce pas. Ce doit être une blietzkrieg. Outtara a pourtant été gouverneur de la BCEAO. Il l’aura malencontreusement oublié.
Un peu plus loin en Afrique, quand la Banque centrale d’afrique du Sud a annoncé il y a quelques années devoir faire le lendemain une déclaration, importante : les cours de la bourse de Johannesburg ont drastiquement chuté. Il ne s’agissait pourtant que de la sortie le lendemain, de nouveaux billets de banque à l’effigie de Nelson Mandela. Madiba le sage, qui a dit : « Je ne pers jamais : soit je gagne, soit j’apprends ». Avec Ouattara et le FCFA, sur ce coup-là : c’est « je ne gagne jamais : soit je perds, soit je persévère dans la perte ».
Pendant ce temps, l’afroclown Robert Capo Chichi alias Kemi Seba fait des conférences à auto-expulsion au Burkina, d’où il a été jeté comme un malpropre vers le Bénin. Tract le prendra au sérieux, Kemi « CFA » Seba, quand il aura renoncé à sa nationalité française et brûlé son passeport Schengen. A partir de juillet et du remplacement du FCFA par l’Éco, le sieur Chichi devra se trouver un autre cheval de bataille : la lutte contre l’excision, la dépigmentation, les mariages précoces, l’esclavage des talibés ? Le choix est large
Eco ? Le FCFA paiera plus que son écot à l’écho du 21 décembre d’Alassane Ouattara. A la différence de la dévaluation de 1994 à laquelle le populo ne s’attendait, au moins cette fois, les choses sont claires. Toute le monde sait à quelle sauce foutou on sera mangés.
Eco ? Yako !
Par Ousseynou Nar Gueye
Fondateur de Tract.sn