Les organisations des droits de l’homme s’inquiètent de la violation des libertés de manifestation et d’expression en Guinée Conakry. Human Right Watch, particulièrement, tire la sonnette d’alarme après la mort de trois manifestants depuis le lundi 13 janvier 2020 dans les mobilisations de l’opposition contre un éventuel troisième mandat du président Alpha Condé.
Human Rights Watch l’affirme dans son dernier rapport mondial sur les droits humains : il y a une répression croissante des libertés de réunion et d’expression en 2019 en Guinée. En juillet dernier, l’Assemblée nationale a adopté une loi sur l’usage de la force par la gendarmerie.
Un pas de plus envers l’impunité des forces de l’ordre, selon Jim Wormington, chercheur pour Human Rights Watch : «L’impunité pour les actes commis par les forces de sécurité en Guinée, surtout pendant les manifestations, est prioritaire pour le gouvernement. Donc, on n’a presque pas d’espoir, si l’on est manifestant blessé ou tué, qu’il y aura des enquêtes crédibles et que les forces de sécurité responsables soient punis. Il y a un seul cas d’un policier ou gendarme qui a été condamné pour la mort d’un manifestant en avril 2019. Donc, on voit un contexte qui risque de continuer à paralyser le pays et à mettre en danger de plus en plus la vie des Guinéens».
«Un enjeu très important à déterminer les violences»
De son côté, Damantang Albert Camara, le ministre guinéen de la Sécurité et de la Protection civile, s’étonne de certains éléments de ce rapport. Il affirme notamment que le droit de manifester est respecté en Guinée. « Lorsqu’en début de rapport, Human Rights Watch dit que les manifestations sont systématiquement interdites, cela jette un doute sur le sérieux qui a été fait, déclare le ministre. Que certaines manifestations, dans certaines circonstances, aient été redirigées ou réaménagées, oui. Parfois interdites, oui. Mais le principe, en Guinée, nous l’avons respecté, le droit de manifester, et il y en a eu plus de 530 en moins de huit ans. Donc, cela nous interpelle un peu. Pour le reste, nous sommes conscients qu’il y a un enjeu très important à déterminer les violences qui se déroulent pendant les manifestations, à rechercher les auteurs des crimes qui font aussi mal au gouvernement. […] Cette volonté, nous la partageons, à condition que cela se passe dans la sérénité et qu’il n’y ait pas, des fois, des prises de position qui ne se justifient pas ».
Par ailleurs, la direction générale de la police nationale indique, dans une circulaire, avoir constaté le « comportement désobligeant » de certains de ses agents, à travers les réseaux sociaux. Le directeur général de la police nationale affirme qu’il met en place une commission d’enquête spéciale pour rechercher et identifier les auteurs.
Tract.sn (avec média)