Mohammed Moussaoui, agrégé en mathématiques, élu président du Conseil français du culte musulman

Observatoire contre le radicalisme, formation et statut des imams, meilleure représentation au niveau local : c’est avec ce programme que Mohammed Moussaoui a été élu ce dimanche à la tête du Conseil français du culte musulman (CFCM), espérant pouvoir relever « les défis qui sont les nôtres ».

Le CFCM, principal interlocuteur des pouvoirs publics pour les cinq à six millions de musulmans pratiquants, est attendu au tournant: en octobre, Emmanuel Macron avait demandé entre autres qu’il s’implique davantage, avec « changement de rythme » et « une parole forte », dans la lutte contre la radicalisation et le communautarisme.

Moussaoui, 55 ans, était le seul en lice, et avait proposé aux 87 membres du conseil d’administration une liste « unique et consensuelle » pour la composition de son bureau. Celle-ci a obtenu 60 voix « pour », aucune « contre », 7 abstentions. Les délégués du RMF une fédération proche du Maroc n’ont pas pris part au vote. Ce bureau « va pouvoir permettre d’affronter les défis qui sont les nôtres », a déclaré le président du CFCM à la presse, après le vote.

Mohammed Moussaoui élu président du Conseil français du culte musulman © AFP/Archives / KENZO TRIBOUILLARD

Les deux vice-présidents sont Chems-Eddine Hafiz, tout juste élu nouveau recteur de la Grande Mosquée de Paris (proche de l’Algérie), qui avait retiré samedi sa candidature au CFCM, et Ibrahim Alci (fédération CCMTF, proche de la Turquie). Ils seront président du CFCM respectivement en 2022 et 2024, en vertu des statuts qui prévoient une présidence tournante au sein du bureau comme cela été le cas en 2013, 2015 et 2017.

Plusieurs dossiers attendent M. Moussaoui alors que le CFCM est souvent critiqué pour son manque de représentativité, de résultats, et reste marqué par les querelles entre la dizaine de fédérations restées proches des pays d’origine des communautés (Maroc, Algérie, Turquie…). Pour mettre en oeuvre son programme, M. Moussaoui, dont la fédération UMF (Union des mosquées de France, proche du Maroc) a remporté le plus d’élus lors de la première étape des élections régionales en novembre, a annoncé la création d’une dizaine de commissions thématiques: « formation de imams et aumôniers », « mosquées », « financement », « pratiques religieuses », « sciences et éthique » etc.

Mohammed Moussaoui, vice-président du RMF (Rassemblement des musulmans de France) pose dans une mosquée, le 13 juin 2008 à Avignon. M. Moussaoui a été élu le 22 juin 2008, président du Conseil

Le nouveau président élu pour deux ans, entend mettre sur pied un « Observatoire contre le radicalisme ». Le CFCM s’approchera des pouvoirs publics afin de signer une « convention-cadre », a-t-il dit. Il veut aussi « travailler sur la formation initiale et continue des imams et aumôniers », notamment pour lutter « contre le radicalisme » et promouvoir « un islam authentique à même de préserver la jeunesse françaises des propagandes extrémistes », a-t-il expliqué à l’Afp. Autre objectif du CFCM: des publications pour déconstruire « tous les concepts dévoyés par la propagande extrémiste: le jihad et tous les termes que nous entendons ».

Agrégé en mathématiques

Mohamed Moussaoui , président du CFCM conseil Francais du culte Musulman
ici à la mosquée de la rocade à Avignon dont il est Imam

Moussaoui souhaite renforcer l’échelon départemental voire communal dans l’organisation du culte. Il entend par ailleurs étudier les modes possibles d’auto-financement des mosquées. En interne, il veut aussi revoir les statuts et le mode d’élection et de cooptation d’une partie du conseil d’administration. Les prochains mois devraient être dense pour le nouveau président du CFCM: Edouard Philippe a promis de présenter « d’ici fin mars » un plan contre l’islam radical. Et des propositions de l’exécutif sont attendues pour garantir la transparence des financements du culte. Fils d’instituteur, né en 1964 à Figuig (est marocain), M. Moussaoui déjà été président du CFCM de 2008 à 2013.

Il quitte le Maroc à l’âge de 22 ans pour Montpellier, où il passe l’agrégation en mathématiques, tout en finançant ses études en travaillant dans le bâtiment. Il devient ensuite maître de conférences à l’Université d’Avignon, directeur du département de mathématiques. Cet homme discret, aux lunettes fines, est naturalisé en 2008.

Il a eu une formation théologique dans les écoles traditionnelles de la région Est du Maroc, essentiellement dans la ville d’Oujda. En France, il a assuré les prêches du vendredi dans plusieurs mosquées, entre autres à Montpellier puis Avignon. C’est dans cette ville qu’il participera à la construction d’une mosquée, tant au niveau des plans, qu’en prêtant ses bras.