L’Afrique de l’Ouest a exigé de la Cour suprême de Guinée-Bissau qu’elle agisse d’ici vendredi pour sortir ce pays de l’impasse politique dans laquelle il est plongé depuis le second tour contesté de l’élection présidentielle.
Réunis à Addis-Abeba, en marge d’un sommet de l’Union africaine, les chefs d’Etat et de gouvernement de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cedeao) ont « invité » la Cour suprême bissau-guinéenne, « organe compétent en matière de contentieux électoral, à « finaliser ses travaux d’ici le 15 février afin de permettre la normalisation politique et institutionnelle », selon un communiqué reçu lundi. Cinq semaines après le second tour du 29 décembre, l’issue demeure disputée entre Umaro Sissoco Embalo, issu de l’opposition et donné vainqueur par la Commission nationale électorale (CNE), et Domingos Simoes Pereira, le candidat du PAIGC.
Ce parti, qui domine la vie politique du pays depuis des décennies, a introduit un recours devant la Cour suprême pour dénoncer des résultats entachés selon lui de fraudes. Les deux hommes ce sont invectivés ces derniers jours par médias interposés, M. Embalo affirmant qu’il prêterait serment le 27 février quoi qu’il arrive, tandis que M. Pereira dénonçait des déclarations « menaçantes, irresponsables et incendiaires » de son adversaire.
Médiatrice historique dans la crise en Guinée-Bissau, la Cedeao avait demandé à la commission électorale nationale d’effectuer des vérifications des données transmises par les commission régionales. Dans ses conclusions adoptée à Adiss Abeba, l’organisation ouest-africaine « prend acte » que ces vérifications « ont confirmé » les résultats communiqués le 17 janvier par la CNE, qui accordent 53,55% des voix à M. Embalo et 46,45% à M. Pereira. Alors que la querelle dresse depuis des semaines la commission électorale contre la Cour suprême, l’organisation régionale a exhorté les deux institutions à « coopérer de manière constructive afin de sauvegarder l’intégrité du processus électoral ». L’un des enjeux majeurs de cette présidentielle est la stabilité de ce petit pays de 1,8 million d’habitants en état de crise politique permanente.
Une stabilité indispensable aux réformes nécessaires pour combattre les maux de cette ancienne colonie portugaise coincée entre Sénégal, Guinée et océan Atlantique: pauvreté, corruption, trafic de cocaïne en provenance d’Amérique du Sud à destination de l’Europe. Depuis son indépendance du Portugal en 1974, la Guinée-Bissau a connu quatre coups d’Etat, seize tentatives et une valse continue de Premiers ministres.
Tract (avec média)