Des journalistes ont manifesté ce jeudi à Monrovia et des quotidiens ont barré leurs « unes » de noir pour protester contre des violences policières dont se disent victimes les professionnels des médias au Liberia, malgré les promesses du président George Weah de garantir la liberté de la presse « à 200% ».
Les journalistes de ce petit pays anglophone d’Afrique de l’Ouest, l’un des plus pauvres au monde, entretiennent des rapports compliqués avec l’ancienne star du football, au pouvoir depuis début 2018. Quelques mois après son élection, une passe d’armes avait opposé l’ancien attaquant du Milan AC et du PSG à un correspondant de la BBC, qui avait quitté le pays. Puis les patrons de presse se sont alarmés de la « multiplication des menaces, des intimidations et harcèlements de journalistes ». George Weah avait alors tenté d’apaiser les craintes de la profession. « Je vous promets 200% de liberté de presse et d’expression sous mon gouvernement », avait-il dit, tout en estimant que « les médias doivent aussi mentionner les succès du gouvernement ».
La colère des journalistes a été ravivée ces derniers mois par plusieurs incidents, dont la mort d’un journaliste sportif, Koboi Miller, expulsé sans ménagement d’un stade par des hommes de la garde présidentielle, selon les journalistes. Admis à l’hôpital, il est mort peu après. Selon les médecins légistes, il a succombé à des problèmes d’hypertension et d’une attaque cérébrale. Sa famille a accepté ces explications, mais des journalistes se disent persuadés que sa mort est liée aux mauvais traitements subis de la part des services de sécurité.
Des dizaines de journalistes ont manifesté jeudi dans les rues de Monrovia en brandissant des pancartes où l’on pouvait notamment lire: « Arrêtez de me frapper quand je fais mon travail » ou encore « Les journalistes ne sont pas vos tambours ». En signe de solidarité, des journaux ont publié jeudi des unes entièrement noires et des stations de radio ont remplacé leurs programmes matinaux par des débats sur la liberté de la presse. « Ces agressions constantes contre des journalistes doivent cesser. Nous en avons assez », a déclaré à l’Afp un journaliste manifestant, Cyrus Harmon.
Le syndicat des journalistes a remis au gouvernement une pétition dans laquelle il dénoncent un « niveau sans précédent (…) d’attaques, de détentions, d’intimidations et de brutalités », y voyant une « volonté délibérée de forcer les journalistes à s’auto-censurer ». L’association professionnelle a réclamé des enquêtes sur plusieurs incidents récents, dont celui concernant Koboi Miller. Le ministre aux Affaires présidentielles, Nathaniel McGill, leur a répondu que ce serait chose faite. « Le gouvernement n’est rien sans la presse », a-t-il affirmé.
Tract (avec médias)