Cher(e)s Africain(e)s, cher(e)s ami(e)s,
La « restitution » prochaine promise par le président français Emmanuel Macron est un engagement au-dessus du pouvoir du Jupiter élyséen. Au regard des contraintes du code du patrimoine français et des dispositions qui stipulent l’inaliénabilité des œuvres d’art appartenant aux musées français, y compris publics. Le président Macron a créé la commission Sarr – Savoy sur la restitution des œuvres d’art aux africains, sur la base du seul et simple principe qui veut que : « quand vous voulez enterrer une affaire, créez une commission »
Aussi, je vous invite à signer cette pétition pour dire « non » à la restitution, au pays africains, des objets culturels africains présumés pillés pendant la colonisation. « Présumés pillés », car les colonies étaient une extension de la métropole qui les avaient sous son joug. Il n’était donc pas, dans le contexte historique de l’époque, illégal que le colonisateur transférât ces objets dans les musées occidentaux ou les achetât pour sa collection privée. Et comme le dit le Président Félix Tshisekedi à propos des objets culturels congolais à Bruxelles : « Les Belges nous ont aidé à bien les conserver ». Oui, ces objets ont été bien conservés dans les musées occidentaux et il n’est pas sûr qu’’ils seraient dans un état reluisant s’ils étaient restés en Afrique il y a 100 ans, ou même qu’ils existeraient encore. La « restitution » a été tentée au 18ème siècle pour les êtres humains africains mis en esclavage aux USA : des centaines ont été libérés des chaines de l’esclavage, souvent en les faisant racheter par un philanthrope. Ils ont été mis dans des bateaux pour rejoindre ce qui deviendra le Libéria, sur la côte ouest-africaine. Ces anciens Africains-Américains (on disait alors Afro-Américains revenus en terre d’Afrique se constitueront en caste endogame et en classe dominante, conservant les noms donnés par leurs anciens maitres américains, et imposant leur joug, à leur tour, aux indigènes qu’ils avaient trouvés au Libéria. Tout cela finira dans un bain de sang en 1980, quand le sergent Doe assassinera le président William Tolbert est tous ses ministres, ligotés à des poteaux plantés sur une plage au petit matin, pour ce qui restera l’un des plus sanglants putschs africains. Mais, nous digressons.
Toutefois, il est important de faire certains parallèles. Aucune personne sérieuse n’exige plus des réparations financières à verser à l’Afrique en compensation de la traite négrière atlantique qui dura trois siècles. Et c’est à juste raison que les gens sérieux n’en parle plus. Car, ce serait vendre deux fois les Africains mis en esclavage dans les champs de coton américains et plantations de canne à sucre franco-antillaises aux siècle précédents : le prix de leur ancêtre a été payé, on veut maintenant obtenir le denier de Judas pour leur descendants africain-américain de 2018 ?
Pour en revenir à notre sujet : à la place de la « restitution » des objets culturels africains volés par la « rapine coloniale » : « Eh bien, nous proposons qu’on les laisse dans les musées occidentaux (français, belges, suisses, américains, etc) et qu’on impose une « taxe culturelle africaine » à ces musées, taxes à reverser au trésor public des pays africains d’origine.
C’est une idée identique à celle, devenu un projet réel, qu’avait eu le président Jacques Chirac, en imposant une « taxe de solidarité » sur les billets d’avion. La taxe de solidarité sur les billets d’avion, aussi appelée taxe Chirac est cette taxe internationale prélevée sur le prix des billets pour financer l’organisme international Unitaid.
Cet impôt a été proposé au départ conjointement par Jacques Chirac et le président brésilien Luiz Inácio Lula da Silva et adopté par cinq pays lors de la conférence ministérielle de Paris sur les financements innovants du développement le 14 septembre 2005. Les 5 pays fondateurs étaient la France, le Royaume-Uni, la Norvège, le Brésil et le Chili. Initialement 30 pays s’étaient engagés à mettre en place cette taxe mais en 2013, seuls neuf pays appliquent cette taxe sur les billets d’avion : le Cameroun, le Chili, la République du Congo, la France, Madagascar, le Mali, Maurice, le Niger et la République de Corée. La Norvège contribue également en allouant une partie de sa taxe sur les émissions de CO21.
Cette taxe concerne tous les billets d’avion pour un vol au départ d’un des pays participant. Elle a rapporté en France 1 milliard d’euros de 2006 à 2012 (185 M€ en 2012). En 2016, ses recettes se sont élevées à 230 M€6. Son produit est affecté au Fonds de solidarité pour le développement dans la limite d’un plafond fixé à 210 M€ .
Ce que nous proposons donc, c’est une « taxe culturelle africaine » sur tous les musées occidentaux qui « recèlent » des œuvre d’art africaines. Nous proposons en plus un « droit de suite des peuples » à l’occasion des reventes de pièces d’art africaine par les commissaire priseurs comme Sotheby’s et Christie’s, commissaires-priseurs londoniens, parisiens ou new-yorkais qui arrivent à vendre un masque Fang du Gabon à 5,9 millions d’euros, pièce issue de la collection privée de Pierre et Suzanne Vérité (et réconciliation ? sic) qui avaient commencé à les acquérir dans les années 1920 . Pour parler propriété intellectuelle donc : un « droit de suite des peuples » sur les œuvres culturelles et artistiques ; et non plus un simple droit de suite des individus sur leurs possessions artistiques.
Notre projet de taxe culturelle africaine est pragmatique, moderne, équitable et propice à favoriser la circulation des œuvres. De ce point de vue, le fait que des visiteurs occidentaux ou asiatiques (et pourquoi pas, africains aussi) aillent admirer une œuvre d’art nègre ou une masque rituel africain dans un musée occidental, s’appelle aussi de la circulation d’œuvres. Tout comme accueillir un étudiant béninois dans une université sénégalaise relève de de l’exportation de services.
Au total, notre proposition de compensation pérenne par la taxe culturelle africaine est à rebours des positions des idéologues victimaires (africains ou non) que sont les Kemi Seba Capo-Chichi, Mamadou Felwine Sarr, Marie-Cécile Zinsou, et autres Bénédicte Savoy.
Par ailleurs, avec une telle approche, nos musées commenceront à avoir les capacités financières pour acquérir et promouvoir de l’art africain contemporain, au lieu d’exposer les mêmes ossements millénaires, calebasses centenaires et bifaces de pierre datant d’un million d’années, issus d’excavations menées par des fonctionnaires non rétribués et qui prennent la poussière dans nos musées vétustes.
Car, quelle sera la destination de la taxe culturelle africaine ? Ce que nous préconisons, ce sont les avenues de financement suivantes :
– Aider les musées africains actuels à se doter d’œuvres d’Art africain contemporain
– Soutenir les projets numériques, notamment ceux des startups, et particulièrement dans les industries créatives et culturelles.
La modernité du bâtiment d’un musée africain ne nous convaincra pas qu’il est en capacité de conserver et de mettre en valeur, avec professionnalisme et constance, une œuvre d’art africain hypothétiquement restituée : Le Musée des Civilisations Noires de Dakar, inauguré en grande pompe, il y a moins d’un an (en décembre 2019), avait, au dernières nouvelles, sa ligne de téléphone fixe suspendue, pour défaut de paiement.
La présente pétition est destinée à interpeller les présidents Macky SALL, Emmanuel Macron, Paul Kagame, Félix Antoine Tshisekedi et les institutions que sont l’Union Africaine (African Union et l’#Unesco. Pour qu’advienne un Grand Dialogue Présidentiel de Haut niveau, entre les chefs d’Etats et chefs de gouvernements d’une part, et les acteurs culturels, artistes, créateurs et représentants de communautés autochtone d’autre part.
Juste compensation et non pas stérile restitution !
Ousseynou Nar Gueye
Expert En ingénierie culturelle / Diplômé de DESS-Mastère en Conception, Décision & Gestion des Arts – Option Politiques culturelles internationales, Université Paris III-Sorbonne Nouvelle – Promotion 1999)