L’opposant togolais Agbéyomé Kodjo, arrivé deuxième à la présidentielle de février, a été arrêté à son domicile mardi 21 avril et conduit au Service central de recherches et d’investigations criminelles (SCRIC) de la gendarmerie. Action musclée sans doute couverte par l’homme Faure du pays, le président Gnassingbé, dont la réélection en février 2020 a été saluée par la France et l’Union européenne.
«M. Kodjo a été arrêté de force ce mardi. Les forces de l’ordre ont défoncé le portail et les portes de sa maison, avant de l’arrêter pour le conduire au SCRIC», a déclaré à l’AFP Me Claver N’dry, l’un de ses avocats. Selon un responsable de la gendarmerie interrogé par l’AFP sous couvert d’anonymat, l’opposant a été arrêté après avoir refusé de se présenter à la gendarmerie, qui l’avait convoqué mardi pour la troisième fois.
Agbéyomé Kodjo n’avait pu se présenter aux deux premières convocations les 1er et 9 avril, pour des raisons de «santé», selon ses avocats. Lundi, ces derniers avaient évoqué les mêmes motifs, pour justifier l’absence de leur client à la gendarmerie le lendemain. «L’état de santé (…) de M.Kodjo entrave douloureusement depuis quelques temps toute mobilité spontanée de sa part», ont précisé ses conseils dans une déclaration commune.
Tentative de coup d’Etat?
Ils demandent désormais la suspension de la procédure judiciaire, l’opposant ayant parallèlement introduit devant la justice une demande d’annulation de la levée de son immunité parlementaire. L’immunité du candidat du Mouvement Patriotique pour la Démocratie et le Développement (MPDD) avait été levée mi-mars, à la demande du parquet de Lomé, pour s’être «auto-proclamé» président de la République.
Il s’est également, selon le procureur, présenté illégalement comme «prétendu chef de l’Etat et chef suprême des armées», appelant la nation et les forces armées togolaises à se mobiliser contre le pouvoir. Pour le procureur, «ces propos et agissements» relèvent «des qualifications de troubles aggravés à l’ordre public (…) et d’atteinte à la sécurité intérieure de l’Etat».
M. Kodjo avait obtenu 19,46% des suffrages exprimés à la présidentielle du 22 février, contre 70,78% pour le sortant Faure Gnassingbé, selon les résultats officiels. Il avait formulé un recours en justice, rejeté début mars, par la Cour constitutionnelle qui a validé le scrutin. Faure Gnassingbé est arrivé au pouvoir en 2005 après le décès de son père, le général Gnassingbé Eyadéma, qui avait lui-même dirigé le Togo d’une main de fer pendant 38 ans.