AccueilA la UneCoronacrise : Serrage de ceinture intenable chez les transporteurs

Coronacrise : Serrage de ceinture intenable chez les transporteurs

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Ce temps du Covid-19 est une phase difficile pour le pays, mais aussi pour le président Macky Sall qui a prolongé hier l’etet d’urgence encore de 30 jours. Les pressions de part et d’autre viennent compliquer le plan de lutte de son gouvernement contre la propagation de la pandémie, au moment où les cas positifs augmentent de plus en plus, surtout à Dakar. Les mosquées et lieux de commerce rouverts, les transporteurs, n’en pouvant plus du serrage de ceinture imposé par le couvre-feu et l’interdiction de circuler entre régions, menacent de reprendre leurs activités, si le président de la République n’assouplit pas les mesures – peut-être que les nouvelles décisions attendues du côté du ministère de l’intérieur y apporteront une réponse – afin de leur permettre de souffler financièrement.

Au cœur de la nouvelle bataille d’opinion menée par certains acteurs de la société civile ou acteurs du transport, on retrouve la requête pressante de lever la mesure d’état d’urgence assortie d’un couvre-feu, décrétée par le chef de l’Etat le 23 mars dernier.
L e Président de la République, Macky Sall, va-t-il encore céder une autre portion de la stratégie de lutte contre la pandémie du nouveau coronavirus au Sénégal ? En effet, après avoir reculé face à la forte pression des acteurs religieux et économiques qui l’ont obligé à revenir sur certaines des restrictions liées à l’état d’urgence, voilà que le président de la République est encore rattrapé, pour ne pas dire acculé, par une autre situation de contestation de sa mesure d’état d’urgence assorti de couvre-feu. Cette dernière est animée pour certains acteurs du transport public. En effet, après plus deux mois sans travail, les transporteurs réclament purement et simplement la levée de l’Etat d’urgence décrété le 23 mars alors que toutes les statistiques liées à cette maladie ont presque doublé : 3348 cas positifs dont 1686 guéris et 41 décès. A Ziguinchor, chauffeurs et transporteurs, fustigeant l’exclusivité accordée à la société de transport Sénégal Dem Dikk pour le transport des enseignants vers leurs lieux de services, sont allés même jusqu’à donner un ultimatum à l’Etat pour lever toutes les interdictions de circulation. A défaut, ils menacent «de gré ou de force, de rouvrir la gare routière» à partir du 2 juin prochain.
Il faut dire cependant que ces acteurs ne sont les seuls à prêcher la fin de l’état d’urgence au Sénégal. De plus en plus, des acteurs de la société civile élèvent la voix pour demander également la fin de cette mesure d’exception. Dans un entretien accordé à Sud quotidien, le 20 mai dernier, le directeur exécutif d’Amnesty Sénégal, Seydi Gassama, affirmait ainsi que «le mieux pour le Sénégal, c’est de mettre fin à ce couvre-feu». «Si on fait l’analyse de la situation actuelle de l’épidémie au Sénégal, toutes les mesures qui ont été prises par l’Etat récemment, notamment la réouverture prochaine des classes, la levée de l’interdiction d’ouverture des marchés, les lieux de culte et les allègements apportés dans la circulation des transports publics dans la région de Dakar, nous estimons que le couvre-feu doit être levé», avait-il souligné pour justifier sa position. Et de poursuivre : «Les principaux mouvements de population se font pendant le jour. C’est pendant le jour que les marchés sont ouverts. C’est pendant le jour que les populations se déplacent, c’est pendant le jour que les mosquées et les écoles vont être ouvertes. Il y a très peu de mouvements de population pendant la nuit. Donc, maintenir ce couvre-feu qui est coûteux du point de vue de sa mise en œuvre, est inopportun».
Abondant dans le même sens, le Secrétariat exécutif national du collectif Frapp France Dégage de l’activiste Guy Marius Sagna dans une déclaration rendue publique à la suite de l’annonce de la reprise des cours par le chef de l’Etat, demandait également entre autres le retrait de la loi d’habilitation et la fin de l’état d’urgence non sans inviter le Conseil des ministres et l’Assemblée nationale à reprendre les classes avant les enfants. Toujours sur la liste des personnalités et organisations de la société civile qui ne veulent plus de la situation d’exception actuelle, figure Alioune Tine, Fondateur d’Afrikajom Center et ancien Secrétaire général de la Raddho. Dans un tweet publié le 27 mai dernier sur la pagaille notée constatée lors de la première journée d’organisation du retour des personnels enseignants à leurs postes, un tweet intitulé «Lever l’état d’urgence», il a demandé plus de cohérence à l’Etat. «Il faut être cohérent, on ne peut pas décider du retour progressif à une situation normale tout en maintenant une situation d’exception avec l’état d’urgence et le couvre-feu. Le résultat, c’est le chaos», avait-il dit.
Il faut dire que, si depuis son indépendance en 1960, l’Etat du Sénégal a eu à faire face à trois situations d’état d’urgence, cette dernière décrétée depuis le 23 mars dernier par le Président Macky Sall dans le cadre de la lutte contre la propagation de la pandémie du nouveau coronavirus dans le pays restera certainement gravée dans les annales de la République. Et ce, non pas à cause des raisons qui ont conduit le chef de l’Etat à la mettre en œuvre mais plutôt à cause de la gestion chaotique du pouvoir en place qui a fini non seulement à porter un coup à l’autorité de l’Etat mais aussi à anéantir tout espoir d’atténuer l’impact du virus mortel de Covid-19 dans le pays
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Tract.sn (avec média)

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