- Le polémiste star est jugé pour « injure publique à caractère racial » et « provocation publique à la haine raciale ».
- Dans son discours à la « convention de la droite », Eric Zemmour s’en prenait aux immigrés « colonisateurs » et à une « islamisation de la rue ».
- Selon son avocat, ces propos ont été tenus dans le cadre privé puisque l’entrée se faisait sur invitation. Toutefois, le discours d’Eric Zemmour a été diffusé en intégralité sur LCI.
Il aurait dû être jugé en janvier, mais grève des avocats oblige, le procès avait été renvoyé en mai… en pleine crise du coronavirus. Hier jeudi, aucun mouvement social ni pandémie mondiale n’a pu empêcher Eric Zemmour de comparaître devant la 17e chambre du tribunal correctionnel de Paris, soulignait 20 minutes. Le polémiste star est jugé pour « injure publique à caractère racial » et « provocation publique à la haine raciale » après des propos contre l’islam et l’immigration tenus le 28 septembre 2019 lors de la « convention de la droite », un rassemblement organisé par des proches de l’ancienne député frontiste, Marion Maréchal.
Dans les six extraits du discours pour lesquels il est poursuivi, Eric Zemmour s’en prenait aux immigrés « colonisateurs » et à une « islamisation de la rue », affirmant notamment que « tous nos problèmes aggravés par l’immigration sont aggravés par l’islam ». Devant une salle conquise, le polémiste a enchaîné les saillies contre cette religion, confiant notamment se retrouver dans les idées du complotiste Renaud Camus, théoricien de la « thèse du grand remplacement ». « Les caïds et leurs bandes s’allient à l’imam pour faire régner l’ordre dans la rue et dans les consciences, selon la vieille alliance du sabre et du goupillon, en l’occurrence, la kalach et la djellaba », avait-il notamment déclaré ce jour-là.
Un cadre privé ?
Malgré le tollé suscité par son discours – qualifié de « nauséabond » par le Premier ministre –, Eric Zemmour avait maintenu, quelques jours plus tard, ses propos. « Cette audience démontrera qu’on ne peut pas utiliser la loi de la presse pour faire taire la liberté d’expression », a affirmé son avocat, Me Olivier Pardo auprès de 20 Minutes. Selon le conseil, le polémiste s’exprimait dans un « cadre privé » puisque les entrées à la convention ne se faisaient que sur invitation. Une distinction de taille puisque l’injure comme la provocation, tenue dans un cercle privé, relève de la contravention.
Si le public n’était effectivement pas convié à ce grand raout, la « convention de la droite » avait néanmoins été largement couverte par des journalistes et le discours d’Eric Zemmour diffusé dans son intégralité par la chaîne LCI. « Il n’est pas responsable de la présence de journalistes dans la salle et ignorait qu’il était filmé », insiste son avocat. A l’époque, la direction de la chaîne avait reconnu une « erreur d’appréciation ». Un mois plus tard, le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) – qui a reçu plus de 400 signalements – avait « fermement mis en garde » LCI pour cet épisode.
Une procédure devant la Cour européenne des droits de l’homme
En septembre 2019 déjà, quelques jours à peine avant la polémique, Eric Zemmour avait été définitivement condamné à 3.000 € d’amende pour provocation à la haine religieuse à la suite de propos tenus en 2016 dans l’émission de France 5 C à vous. L’auteur du Destin français avait notamment affirmé que la France vivait « depuis trente ans une invasion », assurant que « dans d’innombrables banlieues françaises où de nombreuses jeunes filles sont voilées » se jouait une « lutte pour islamiser un territoire », « un djihad ». Il a saisi en décembre la Cour européenne des droits de l’homme, reprochant à la France d’avoir violé sa liberté d’expression. En 2011, il a également été condamné pour provocation à la haine en déclarant sur Canal+ que « la plupart des trafiquants sont noirs et arabes ».
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