C’est peu après 17 heures, ce dimanche, que les premiers coups ont retenti. Les Caterpillar et les Bulldozers ont commencé l’opération de démolition du marché Sandaga. Le mythique marché niché au cœur de Dakar, qui fait partie du décor de la capitale depuis 75 ans avec sa construction commencée en 1933, s’affaisse, il tombe. Avec lui, un pan d’histoire.
Ce sont les cantines qui entourent le bâtiment principal qui ont été les premières cibles des engins de démolition. Suivra, dans les jours à venir, l’imposante bâtisse en état de délabrement avancé, ravagé par le feu en 2014, qui constitue le cœur même de Sandaga.
Ce bâtiment qui a été achevé de construire en 1935 est une partie intégrante de l’histoire de Dakar. Il aura tenu 75 ans. Mais tel une vieille au crépuscule de sa vie, il a finalement rendu l’âme au travers de cette opération de démolition, en vue de la reconstruction du marché et de sa modernisation. Ce sera d’ici 2 ans.
La texture architecturale du bâtiment principal, inspirée de celle arabo-soudanaise de Tombouctou au Mali, avec une décoration sous forme de mélange de styles arabe et africain, avec ses arabesques et ses dessins géométriques, de ce bâtiment historique sera reconstruit à l’identique, et est donc conservée. Mais Sandaga aura perdu son âme, avec cette modernisation qui ajoute un design nouveau à l’entrée et dans la structuration des nouvelles cantines.
On notera que, pour ce coup-ci, les commerçants qui refusaient de quitter les lieux depuis des années, rusant avec les autorités, ont fini par céder. Ils ont respecté l’ultime report du délai qui leur a été offert il y a un mois. Ainsi, sur les détenteurs des 383 cantinés concernées, seule 39 n’avaient pas rendu leurs clés, à l’heure de la démolition pour rejoindre le site de recasement du Champs de courses.
Sandaga, ce pan de l’histoire de Dakar disparaît et ce sera pour renaître dans 24 mois, comme s’y est engagé l’Etat et comme l’espèrent les commerçants. Du reste, ils ont pris au mot les autorités qui étaient sur place, au premier rang desquels le ministre de l’Urbanisme et de l’Habitat, Abdou Karim Fofana, et la maire de la ville de Dakar, Mme Soham El Wardini. Sans compter le préfet de Dakar, Alioune Badara Samb, qui supervise l’opération.
«Nous avons, de manière concertée avec l’Etat du Sénégal, la ville de Dakar et commune de Dakar-Plateau, engagé le processus pour changer la capitale. C’est une grande action qui préfigure la modernisation des marchés du Sénégal. Parce que c’est le marché Sandaga, peut-être le plus emblématique. Mais l’ambition du chef de l’Etat c’est de faire en sorte que dans toutes les communes, on puisse avoir des équipements marchands modernes», déclare Abdou Karim Fofana, avant de dire que «ce qui est retenu, c’est que les travaux ne vont pas dépasser 24 mois.
«Notre objectif et celui du gouvernement, c’est de changer le cadre de vie de la capitale sénégalaise. Ainsi, après Sandaga, ce seront d’autres marchés qui seront démolis et reconstruits. Après Sandaga, ce sera au tour de Kermel d’être réhabilité. Et nous allons aussi désencombrer les alentours de Kermel pour que notre centre-ville soit propre, libre et digne d’une capitale», confie, pour sa part, Mme Wardini, maire de Dakar.
Aidara KARARA
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