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POUR SE LIBERER DE LA VIOLENCE DU TRAUMATISME SEXUEL : Ina Thiam se sert de son art, la photographie

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La photographe sénégalaise Ndèye Fatou Thiam plus connue sous le pseudo Ina Thiam, renseigne d’avoir été abusée sexuellement, a trouvé une manière originale de se libérer de ce traumatisme par le biais d’un album photo en ligne. Des clichés qui la représentent avec des textes sous forme de commentaire, pour mieux décrire sa résilience face à la violence dont elle a été victime.

« J’avais juste senti le besoin de dire qui je suis, et d’où je viens à haute voix » a confié l’artiste photographe dans un entretien avec l’APS.  Et d’expliquer, « D’après mon histoire et celle qu’on m’a racontée durant mon enquête, je décris ma résilience en tant que victime de violence sexuelle ».

 En effet, cet album photo, publié sur le site web personnel de l’artiste-photographe, est le fruit d’un travail entamé à partir d’octobre 2018 sous la forme d’une œuvre autobiographique. Sur les clichés qui défilent, les images en noir et blanc de ce livre donnent une tonalité particulière au récit livré et contribuent par là même à donner toute la mesure de la gravité des faits, sous la signature du graphiste Willy Ndaw, par ailleurs directeur artistique du projet, renseigne la source.

 Ina Thiam se dévoile pour mieux se protéger sur une série de photos prises avec l’aide de trois personnes dont le graphiste et photographe Mamadou Ndaw alias « Willy Kemtane », assisté de Mamadou Ly (partie éclairage) et Ass Malick Faye (make up). Fatima Ndiour et Barham Kamara avaient en charge la logistique.

 La justice ne guérissant jamais tout à fait le traumatisme des victimes, les mots viennent dire l’indicible douleur qui ne peut se traduire que dans la langue maternelle. « Diom, mouñ, soutoura, fayda, foula, maandou, ngor, diiné, yaar, aada », autant d’expressions pour dire plus que la volonté de résilience, renforcer sa confiance, retrouver l’estime de soi, surmonter la souffrance.  Et la douleur dans la pudeur et la tempérance, la photographe étant en cela guidée par l’ambition de rester toujours accrochée à des valeurs et références sociales pour continuer à rester digne de soi-même et des autres et avancer.

 Des dialogues accompagnent les photos, une manière de souligner le drame intérieur ou de s’en évader, comme si l’artiste-martyre vivait dans un immeuble qui prend feu et qui se remplit de fumée, dont elle cherche l’ « issue de secours », comme l’intitulé de son projet.  « Quand elle m’a expliqué son concept, je me suis automatiquement dit qu’il faut commencer dans le noir pour trouver la lumière sur ce qu’elle voulait raconter. Et ça collait avec ce qu’elle avait en tête (…). L’absence de couleur nous rend plus attentifs à tout le reste », explique Mamadou Ndaw.

 L’artiste considère que cet album autobiographique constitue une base solide pour comprendre les atrocités auxquelles la femme peut être confrontée au sein de la société. La première solution pour éradiquer le phénomène des abus sexuels, « c’est d’encourager les victimes à partager leurs histoires », ajoute Willy Ndaw, lui-même photographe de profession.

 Ina Thiam a bénéficié d’une bourse « Creativity is Life » de 1.500 euros (983.322 francs CFA) de « Africalia », organisation belge de développement culturel pour réaliser son projet « Issue de secours ».  « Cette sélection a été pour moi un moyen de finir ce sujet qui me tenait à cœur et que je ne pouvais pas publier faute de moyens. C’est aussi l’occasion d’être sur une plateforme avec d’autres artistes africains », dit-elle pour se réjouir de cette participation à cette initiative.

 Ainsi, Ina Thiam, vidéaste aussi veut s’engager d’autant plus à renforcer la présence et la capacité des femmes à travers des cadres d’expression comme le rap, le graffiti, la danse et le DJing.  Mais aussi par la formation professionnelle en leadership, en mentoring, en social living, en management et marketing culturel dans ses différentes interventions en tant que chargée de projets à l’association « Africulturban »,  dirigée par le rappeur sénégalais Matador.

Aidara KARARA avec APS

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