Etre candidate à la présidentielle en Guinée et ne pas pouvoir voter: c’est la déconvenue vécue dimanche par Makalé Camara, telle qu’elle l’a relaté.
Mme Camara, 64 ans, ancienne ministre des Affaires étrangères, a raconté s’être rendue au bureau de vote de son quartier de Conakry pour élire le prochain président, comme plus de cinq millions de Guinéens étaient appelés à le faire parmi 12 concurrents, dont deux femmes.
Elle s’est présentée avec une ancienne carte d’électrice parce que, « depuis quelques jours, on (l’administration) ne retrouve ma nouvelle carte nulle part ». « On m’a dit: « C’est impossible, pour voter il faut la nouvelle carte » ».
Mme Camara dit avoir appelé Kabinet Cissé, le président de la Commission électorale nationale (Céni), chargée du vote. « Il m’a dit que je suis peut-être parmi les personnes radiées » des listes.
Sous la pression internationale, les autorités ont « apuré » en 2020 les listes électorales qui, disait en février l’Organisation internationale de la francophonie (OIF), accompagnatrice du processus électoral, comportaient 2,5 millions de noms d’électeurs « problématiques » sur un total de quelque 8 millions. L’OIF parlait de doublons et de présence sur les listes de personnes décédées, alimentant la crainte de fraudes.
Le fichier a depuis été réduit à environ cinq millions et demi d’électeurs.
Mme Camara a dit qu’après l’apurement des listes elle était bien allée s’enregistrer ces derniers mois. « Le président de la Céni m’a dit que mes données n’avaient sans doute pas été enregistrées, que j’ai dû tomber sur un agent qui n’était pas à la hauteur ».
« Il m’a dit qu’il ne peut rien faire pour moi ».
La candidate a saisi la Cour constitutionnelle avec l’espoir de pouvoir encore voter avant la fermeture des bureaux, dimanche à 18H00 (GMT et locales).
Pus qu’indignée, elle s’est dite « triste parce que beaucoup de concitoyens, comme moi, n’ont pas pu voter. Vous imaginez: candidate à la présidentielle et ne pas pouvoir voter ».
Mme Camara a occupé de nombreuses hautes fonctions dans la fonction publique et dans les gouvernements depuis le début des années 1990. Elle se revendique dans l’opposition au président sortant Alpha Condé, candidat à un troisième mandat.