Le parquet de Paris a ouvert mercredi une information judiciaire pour « violences volontaires » accompagnées de propos racistes, après l’attaque à l’arme blanche dimanche de deux femmes près de la Tour Eiffel à Paris.
Deux suspectes, placées en garde à vue mardi au commissariat du 7e arrondissement, vont être présentées à un juge d’instruction chargé d’enquêter sur cette altercation partie de la présence jugée menaçante d’un chien par deux femmes, qui ont ensuite été blessées à l’arme blanche.
L’affaire avait été très relayée via une vidéo sur les réseaux sociaux, certains internautes dénonçant un « silence médiatique » sur cette agression qu’ils qualifiaient d’islamophobe, quelques jours après l’assassinat vendredi de Samuel Paty, l’enseignant décapité près de son collège de Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines).
Le parquet de Paris avait ouvert une enquête pour « tentative d’homicide volontaire », mais les faits ont été requalifiés en « violences volontaires » à l’issue des gardes à vue.
Selon le ministère public, ces violences sont aggravées notamment par le fait qu’elles ont été commises en réunion, avec l’utilisation d’une arme, et qu’elles ont été accompagnées de propos liés « à l’appartenance ou non-appartenance, vrai ou supposée » des victimes « à une ethnie, une nation, une race ou une religion déterminée ».
Le parquet a requis la détention provisoire des deux suspectes.
Selon Me Arié Alimi, l’avocat des deux victimes, « celles-ci sont satisfaites de l’ouverture d’une information judiciaire et du caractère raciste retenu mais considèrent qu’il s’agit d’une tentative d’homicide. »
« Il est indéniable que ces faits sont liés au défoulement politique et laïciste contre les musulmans depuis l’attentat de Conflans-Sainte-Honorine », d’après lui.
L’avocat a donc annoncé un dépôt de plainte avec constitution de partie civile mercredi pour demander de requalifier l’enquête en « tentative de meurtre à raison de l’appartenance de la victime à une race ou à une religion déterminée », une qualification criminelle.
D’après cette plainte, les deux victimes sont âgées de 19 et 40 ans. La première a reçu trois coups par une arme blanche, la seconde six coups, dont un lui perforant le poumon. Cette seconde victime se trouve toujours à l’hôpital.
Selon cette plainte, les deux femmes disent avoir été qualifiées de « sales arabes » par les deux femmes mises en cause, qui leur auraient également dit : « Rentrez chez vous », « Vous n’êtes pas chez vous ici ».
« L’une des femmes faisait également référence au voile que portaient plusieurs femmes de la famille, en parlant de « ce truc que tu as sur la tête » », selon cette plainte.