« Nous combattons ceux qui pensent que la religion peut faire de la politique » (Gérald Moussa Darmanin, ministre, France)

« Ce que nous combattons c’est une idéologie, ce n’est pas une religion », assure le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, alors que le projet de loi « confortant les principes républicains » contre « l’islam politique » a été remis aux présidents du Sénat et de l’Assemblée nationale.

Le projet de loi destiné à la lutte contre « l’islam radical » et « les séparatismes », bien que le terme ne figure plus dans le texte, a été complété avec un ensemble de dispositifs contre la haine en ligne et a été remis aux présidents de l’Assemblée nationale et du Sénat. Il doit être examiné le 9 décembre prochain en Conseil des ministres. Transparence du financement des lieux de culte, fin de la scolarisation à domicile… Gérald Moussa Darmanin, ministre de l’Intérieur, défend ce texte.

« Cela n’a rien à voir avec l’islam »

« L’islamisme politique, on est quelques-uns à le dénoncer depuis très longtemps, n’était pas particulièrement visé par les services de renseignement ou les incriminations pénales », explique le ministre de l’Intérieur. « Et cela n’a rien à voir avec l’islam. Ce que nous combattons c’est une idéologie, ce n’est pas une religion. Et nous combattons ceux qui pensent que la religion peut faire de la politique. »

« Je veux dire à tous les musulmans de France qu’ils n’ont qu’à attendre de la protection de la part de l’Etat. Eux-mêmes sont les premières victimes des idéologues qui utilisent leur religion par déviance ou par dérive sectaire pour pouvoir combattre les valeurs de la République. »

Deux incriminations pénales

 

« Nous allons pouvoir beaucoup mieux lutter contre l’islamisme politique », affirme le ministre de l’Intérieur, détaillant les deux grandes incriminations que la loi souhaite rendre possible, en collaboration avec le garde des Sceaux, Eric Dupond-Moretti. La première : la mise en danger d’autrui, citant l’exemple de la vidéo devenue virale du parent d’élève menaçant l’enseignant Samuel Paty, professeur d’Histoire-Géographie assassiné pour avoir montré des caricatures du prophète Mahomet en cours. L’autre : il ne sera plus possible d’exercer une pression communautaire sur le service public. « Un juge pourra dire ‘si vous êtes étranger et condamné pour ce délit, vous pouvez quitter le territoire national' », précise Gérald Darmanin.

« Il y a un gros avant et un gros après », explique le ministre. « Nous avons défini, sous l’autorité du Président et du Premier ministre, le fait qu’entre rien et la radicalisation, entre l’état normal des populations et le terrorisme, il manquait quelque chose. »

« La France est un pays de liberté »

A l’international, la posture de la France est décriée. Les médias anglo-saxon notamment dénonce une politique « antimusulman » de la part du gouvernement. Emmanuel Macron a d’ailleurs récemment appelé le New-York Times pour se plaindre du traitement médiatique de la récente vague d’attentats dans le pays. Parmi les critiques, la défense de la republication des caricatures de Charlie Hebdo. « Il y a des caricatures qui peuvent nous gêner, et parfois elles sont de mauvais goûts mais la République, c’est l’expression de ce mauvais goût », défend Gérald Darmanin. « On n’a pas le droit d’être protégé dans sa susceptibilité. »

« On a le droit d’être choqué mais on n’a pas le droit d’interdire quelque chose », ajoute encore le ministre de l’Intérieur. « La France est un pays de liberté. »

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