Après l’incident-dit du sac rempli de billets de banque offert aux sinistrés de l’incendie du Marché Occass, voilà que le premier flic de Sunugaal nous amène plonger dans un naufrage langagier.
On se rappelle, il y a une semaine, plus précisément le vendredi 20 novembre dernier, le nouveau ministre de l’Intérieur, Antoine Félix Diome, à la tête d’une forte délégation – composée de « 7 merveilles » – avait été reçu par le Khalife Général des Mourides et son porte-parole Serigne Bassirou Mbacké Abdou Khadre.
Le ministre Antoine Diome était dans la capitale du Mouridisme pour délivrer, au nom du Chef de l’Etat, comme il l’a précisé, un message de compassion, mais également décliner les mesures d’urgence à adopter pour éviter que pareils drames ne se reproduisent à Touba et ne provoquent plus des dégâts aussi énormes. On ne trouvera à redire… si les déclarations du M. Diome n’annonçaient ou n’invoquaient pas négativement d’autres faits et gestes de novice perdu dans un flot de « communication migratoire ».
Le constat est que ces propos du ministre du nouveau gouvernement formaté sous atmosphère « idyllique » seront « consumés par une déflagration monétaire » dans un sac de sport, pardon, un pactole de 50 millions de francs CFA, remis comme ça, sans préparation, au délégué du marché Occass, Sény Dieng, qui devra, si le compte est bon, les partager entre sinistrés pour assurer dans un premier temps leurs dépenses. Déjà, même si Diome est le « premier flic » du pays, il est le « premier » à mettre en danger le délégué du marché Occass qui voit, à cet « instant-dit », tous les yeux « enflammés » de sinistrés braqués sur sa personne.
Alors, cette méthode d’offrir de l’argent en public d’Antoine Félix Abdoulaye Diome, ancien substitut du procureur près la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei), est fort curieuse pour ce magistrat qui a donné des sueurs froides à Karim Wade and Co. Son acte à Touba a fait l’objet d’un « enregistrement illisible » que personne ne comprend, encore moins n’approuve. M. Félix Diome, ancienne bête noire de la défense de Khalifa Sall dans l’affaire dite de « caisse d’avance », aurait dû procéder autrement pour filer le sac rempli de pognon – 50 millions, non comptants-comptés – aux victimes du feu à Occass. Un communiqué, ou alors une conférence de presse conjointe avec les autorités de Touba aurait suffi pour informer de la « générosité » de l’Etat. Mais là, Antoine a ouvert une bouche d’incendie qui a tout aussi fait écho en pleine mer secouée par le flux migratoire.
Alors que la plateforme Alarm Phone avait parlé de 480 migrants décédés en mer en une semaine fin octobre, le ministre de l’Intérieur, Antoine Félix Diome, Interpelé sur les questions d’émigration irrégulière, largement évoquées lors de la conférence de presse du gouvernement mardi 24 novembre, avait été très… vague sur le nombre de victimes.
Et encore, le ministre de l’Intérieur, ex agent judiciaire de l’Etat et ex substitut du procureur près la Crei, a servi une réponse qui a donné le mal de mer aux parents des victimes, mais aussi à tous les humanitaires. « Le rôle de l’État n’est pas de compter des morts, mais se trouver des solutions aux problèmes de ces jeunes », a-t-il déclaré, lors de la conférence de presse du Gouvernement. Non, en woloff, on dira que «Diome dafa diuum» (Diome s’est trompé). Sinon, il ne va pas nous faire rappeler, une formule cynique lâchée au-delà des océans, depuis l’hexagone, par l’ancien Premier ministre français Michel Rocard.
Alors que l’Europe et particulièrement la France faisaient difficilement face à l’émigration galopante, Michel Rocard, invité d’Anne Sinclair dans l’émission Sept sur sept sur TF1, le 3 décembre 1989, sortit la formule qui restera dans les mémoires : «Nous ne pouvons pas héberger toute la misère du monde. La France doit rester ce qu’elle est, une terre d’asile politique (…) mais pas plus (…) ». Et Antoine ne dit pas mieux, plus d’une trentaine d’années après, aucune once, ni nœud de compassion envers ces jeunes qui n’ont pas choisi délibérément d’aller se suicider en plein océan.
Même s’il sait que « l’émigration est un phénomène naturel », le ministre de l’Intérieur, essayant de donner une explication simpliste en soutenant que « l’émigration clandestine, comme son nom l’indique, ne peut pas être légale », aurait pu prononcer les mots qui apaisent les… maux des parents des victimes.
Mais à Antoine Diome – qui, dans ses interventions n’a pas été catholique du tout -, on ne peut solliciter, hic et nunc, une prière, comme on invoquerait Saint Antoine de Padoue, ce prêtre franciscain, prédicateur, « faiseur de miracle », en cas de détresse.
Al Makhtoum SEYDI
*S’est trompé