[Tract] – Un tribunal guinéen a condamné jeudi à 11 mois de prison ferme un opposant à un troisième mandat du président Alpha Condé, au lendemain d’un appel du chef de la diplomatie française à « faire toute la lumière » sur les opposants en prison en Guinée.
Avec Afp
Oumar Sylla, alias Foniké Mangué, avait été arrêté le 29 septembre alors qu’il parcourait à moto la banlieue de Conakry pour inciter à participer à une manifestation interdite contre la candidature du président Condé à sa propre succession lors du scrutin du 18 octobre. Cadre du Front national pour la défense de la Constitution (FNDC), collectif qui a mobilisé pendant des mois contre la candidature de M. Condé, il est depuis lors détenu et a observé deux semaines de grève de la faim.
Son procès dans la banlieue de Conakry, le 14 janvier, s’est déroulé dans un contexte de répression accrue de la contestation qui a vu l’arrestation de centaines de personnes dans les semaines précédant et suivant la présidentielle, selon Amnesty International et Human Rights Watch. Le parquet avait requis contre lui une peine d’un an ferme.Initialement poursuivi pour « participation délictueuse à un attroupement », des faits re-qualifiés en « incitation directe à un attroupement armé », il a finalement écopé de 11 mois ferme.
« Je continue la lutte contre le 3e mandat de Monsieur Alpha Condé. C’est lui qui a rendu cette sentence, pas cette pauvre dame », a-t-il lancé à propos de la présidente du tribunal, Djenabou Dongol Diallo. M. Sylla a ensuite été embarqué de force dans un fourgon pénitentiaire, sous les huées de ses partisans. « Nous ferons la prison avec lui. Notre âme est à côté de Foniké Mangué », a dit l’un d’eux, Amadou Oury Barry.L’un de ses avocats, Alsey Aïssata, a annoncé son intention de faire appel.
Le FNDC a dénoncé une « décision politico-juridique » qui « ne saurait réduire au silence » ceux qui s’opposent au « régime de terreur instauré par le despote Alpha Condé ». La contestation, plusieurs fois brutalement réprimée, a fait des dizaines de morts. M. Condé, 82 ans, a néanmoins été proclamé vainqueur dès le premier tour.
La France et l’Union européenne ont « demandé aux autorités de Guinée de faire toute la lumière sur les événements qui se déroulent en ce moment, avec éventuellement des mesures à prendre si cette lumière n’est pas faite », a dit mercredi devant le Sénat le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian.