[Tract] – Cinq chanteuses et instrumentistes écrivent et composent ensemble leurs chansons dans un style reggae-fusion engagées pour les droits des femmes. Alors qu’un album est en préparation, elles sortent leur premier single ce lundi 8 mars, journée internationale des droits des femmes.
L’orchestre Jigeen Ni est précurseur au Sénégal. Il est en effet le seul uniquement composé de femmes. Elles sont cinq et entendent prêter leurs voix aux femmes. Leur premier titre, qui sort symboliquement en ce 8 mars, journée internationale des droits de femmes, s’intitule Jigeen et veut rendre hommage aux femmes et montrer ce qu’elles sont capables de tout faire, même sur le marché du travail, où elles sont d’habitude cantonnées à certains domaines.
Socialement, les femmes artistes sénégalaises se sentent souvent marginalisées. Elles sont considérées comme des femmes de mœurs faciles. Jigeen fait écho à l’histoire personnelle de la percussionniste Ndèye Cissé. « Le début, c’est compliqué car toujours, dans la famille, quand tu fais de l’art, il y a des gens qui disent que tu es une mauvaise personne, explique-t-elle à franceinfo. J’avais des problèmes mais maintenant ça va. Ils savent très bien que c’est du boulot, comme les gens qui se lèvent le matin pour aller au bureau. »
Artiste, un vrai métier, même pour les femmes
Créé en 2018, l’orchestre Jigeen Ni est composé de cinq femmes, toutes chanteuses et instrumentistes. Une fierté pour leur manager et producteur Samba Diaité qui regrette le manque de femmes musiciennes sur la scène culturelle sénégalaise. Quand elles y sont, elles sont mises au second plan comme choriste ou danseuse. Aissatou Dieng, la batteuse, est fière de faire partie d’un orchestre 100% féminin. Elle veut convaincre qu’il est possible d’allier vie de femme et carrière musicale aboutie : « On ne voit pas beaucoup de femmes instrumentistes. Il y a la pression sociale, la famille. On dit que la femme, sa place est d’être au foyer, au travail, aussi, avoir un gagne-pain. Ce n’est pas facile de montrer à la famille que ce que tu es en train de faire, c’est un métier comme tout les autres, que tu peux gagner ta vie dignement avec. C’est un engagement qu’on a pris de pouvoir montrer aux femmes qu’on peut le faire. Il leur suffit de croire en elles. »
Les cinq femmes travaillent sans relâche en studio pour composer leur premier album qu’elles espèrent sortir avant l’été. Prévention contre l’émigration clandestine, contre les violences faites aux femmes ou dire pour non à l’excision, autant de thèmes et de combats abordés qui touchent Evora Vaz, la bassiste. « Je ne peux pas comprendre l’excision. En tant que femmes, on a le droit de faire ce qu’on veut, ce n’est pas à nos parents de décider ce qu’on va faire avec nos sexes. On a le droit de se défendre », lance-t-elle.
Il y a des femmes qui ont beaucoup de choses à dénoncer mais qui ont peur de parler. Nous sommes leurs porteuses de voix. Nous sommes là pour lancer le message et leur donner le courage de parler et de crier aussi.
Evora Vaz, bassiste du groupe Jigeen Ni
Une tournée est prévue l’été prochain au Canada et aux États-Unis, si les restrictions sanitaires le permettent.
D’après Franceinfo