SENTRACT- Il y a 40 ans, commençaient les ajustements structurels. l’Afrique, éternel témoin de son destin, renonce à poursuivre ses efforts de développement comme l’y invite « bretton woods » et se soumet à la science des apprentis sorciers du développement.
Les États abandonnent le secteur marchand, déflatent, privatisent, libéralisent et signent des programmes avec à la clé des appuis budgétaires conditionnels.
Les années suivantes, elle adopte tour à tour la démocratie, adhère à l’OMC, relève les défis environnementaux, s’aligne aux grands principes des droits de l’homme. Elle s’honore ainsi d’être la seule région du monde à n’avoir aucun compte historique à solder avec l’humanité en dehors du tort envers sa propre jeunesse. Malgré tous les lauriers qu’on lui tresse en reconnaissance de son indéfectible soumission, elle continue à terminer la liste de tous les classements.
En vérité, l’Afrique a raté le rendez-vous avec elle même à force d’honorer celui avec les autres. Entre temps, la Chine s’est érigée puissance mondiale, des mega-entreprises contrôlent les économies, le populisme a fini de rétablir la simplicité d’esprit et l’Afrique reste toujours la convoitise la plus accessible. La géopolitique est tout sauf une âme naive bienfaisante. Croire en 2021 que l’Afrique vivra de ses richesses et de son talent, c’est avoir une lecture pauvre de la situation. Les règles du jeu ne prévoient pas une Afrique lucide. Elles lui ont aménagé les conditions d’un leadership faible, aux antipodes de son intelligence, de sorte à ce que les déchirements internes entretiennent le statut quo.
Le veritable défi africain est un défi de conscience. Tant que la marche du continent sera une simple dérivée de l’universalisme, son avenir sera aussi à la marge de celle-ci. La jeunesse africaine doit inventer son futur car presque personne ne s’y intéresse en dehors de ceux qui écrivent les discours. La jeunesse doit PARTICIPER, COMPRENDRE, AGIR et enfin EXIGER que les clés du destin de leur continent, soient gardées et défendues « quoi qu’il en coûte ».
La rupture ne passe pas par des révolutions ni par un rejet systématique du bien fondé de ce qui nous vient de l’extérieur. La rupture, c’est juste une conscience nouvelle, qui place l’africain comme seule constante dans toutes les équations à résoudre. l’horloge tourne et la démographie gronde.
Par Ibrahima Nour Eddine Diagne, Administrateur Général Gainde 2000