SENtract- La Casamance est confrontée à une guerre larvée de basse intensité depuis près de 40 ans par le mouvement indépendantiste MFDC. Mais depuis le début de l’année, l’armée a donné un coup d’accélérateur à ses opérations militaires, en reprenant les positions historiques du MFDC près de la frontière avec la Guinée-Bissau. Objectif affiché : « restaurer entièrement l’autorité de l’État. » Un nouveau rapport de force, alors que la rébellion apparaît aujourd’hui vieillissante et divisée, estime « la radio mondiale ».
Au milieu des pommiers-cajou, Yaya Bodian est ému de revoir son ancien village de Bouniack, repris par l’armée. « Bouniack, c’est le village où j’ai fait mes premiers pas, où j’étais à l’école, dans les années 1990. Cela me donne les larmes aux yeux, la chair de poule de revoir les terres que mes parents et moi avons abandonnées il y a 30 ans. »
L’armée sénégalaise s’est donnée les moyens d’en finir avec l’outil militaire du MFDC : achat d’avions anti-guérilla en Corée du Sud, utilisation de drones d’observation, véhicules blindés résistant aux mines, commandos rodés aux actions en forêt, coordination tactique avec le voisin bissau-guinéen… Depuis janvier, les positions MFDC sont tombées une à une le long de la frontière. « Aujourd’hui, les conditions que vous voyez ici sont créées pour le retour des populations dans leurs terres », assure le lieutenant-colonel Mathieu Diogoye Sène.
Mais le retour à la vie normale ne sera pas si simple : la zone reste truffée de mines. Et des questions sont en suspens : quelle sera la réaction des éléments MFDC, aujourd’hui éparpillés dans la nature ? Quid des négociations avec la branche de Salif Sadio, au nord de la Casamance ? La nouvelle donne sécuritaire permettra-t-elle de développer cette région enclavée ?
Rendez-vous important : le lancement des travaux du grand projet de zone de transformation agro-industrielle, l’Agropole Sud, annoncés avant la fin de l’année.
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