(Tract)- Sa générosité, sa créativité et sa dimension artistique ne sont plus à démontrer. Abdoulaye Diallo, plus connu sous son nom d’artiste «Le Berger de l’île de Ngor», vient d’offrir gracieusement sa maison à l’art. Il l’a entièrement transformée pour en faire un espace, un atelier : «Penc 1.9». Cette vaste demeure au décor pittoresque nimbée de couleurs chatoyantes, se trouve à l’ile de Ngor au niveau de la deuxième plage. Pour rejoindre la maison il faut une traversée en pirogue pour moins de dix minutes. Les pieds dans l’eau, la belle bâtisse de couleur orangée voire rouge captive l’attention, balayée par les alizés marins.
Une fois à l’intérieur, on est accueilli par la gaité des tableaux. Ils renseignent sur les thèmes dont il parle, comme la démocratie… Mais celui qui marque le plus l’attention, c’est un énorme tableau, portait de Nelson Mandela, Mabiba. Une œuvre magnifique, historique qui renseigne beaucoup sur la vie carcérale de l’ancien président de l’Afrique du Sud, à travers des chiffres. «Le Berger de l’île de Ngor» a une démarche artistique assez rare dont lui seul détient le secret. S’il n’est pas impossible de copier textuellement ses œuvres, il n’est pas donné à n’importe qui de faire du copier-coller. Puisque la plupart de ses créations englobent des produits comme le «warga» (thé vert), de l’huile de palme, de la cola, etc.
En effet, cette demeure est un espace fleuri, une œuvre muséale, de simple atelier de galerie, la maison devenue «Penc 1.9» a été inaugurée il y a quelques jours. Mais avant cela, l’espace a déjà accueilli une dizaine de journalistes culturels, pour une série de formations sur tous les domaines liés à l’art et à la culture, avec comme thème «Quelle humanité pour demain» ?
La plaque dudit atelier a été dévoilée par l’ambassadeur d’Allemagne au Sénégal, Stéphan Roke lors d’une cérémonie qui a vu la participation des sommités du monde de la culture en présence du ministre conseiller culturel El Hadji Kassé.
Un eldorado pour les artistes
C’est un espace dédié aux artistes et à tout ce qui tourne autour de l’art et de la culture, puisqu’il est pluridisciplinaire. C’est-à-dire de la peinture au théâtre, en passant par le cinéma, la littérature, la musique, la mode, la réflexion, des workshops, entre autres. Cette bâtisse R+1 est scindée en quatre compartiments. L’espace exposition est dédiée à l’artiste Saliou Ndiongue décédé l’année dernière. Et cette partie fait 600 mètres carrés où il faut décompter quatre chambres pour recevoir des résidences artistiques. Il y aussi «Etu Kocc Barma» toujours au « Penc 1.9 », qui est présenté comme un lieu des artistes, un lieu d’échange et de réflexions. En troisième position, on trouve une bibliothèque que Abdoulaye Diallo a baptisé Sembene Ousmane en guise d’hommage, avec en toile de fond une documentation de plus de quatre milles livres, et une salle de réunion qui peut accueillir jusqu’à 12 personnes. Et enfin la terrasse qui offre un autre cadre avec une vue magnifique, où est prévu un restaurant. L’artiste, par ailleurs ingénieur en télécommunication, connu pour sa spiritualité légendaire, a juste nommé cet espace «Les tapis de pierres», pouvant accueillir une trentaine de personnes aux heures de prière.
Selon «Le berger de l’ile de Ngor», comme on le surnomme, «Penc 1.9» se veut d’abord un espace de rencontres avec les œuvres. «Non pas seulement pour les contempler et les raconter, mais pour s’offrir les incommensurables possibilités de s’ouvrir à d’autres inspirations, précautions, préoccupations, dimensions et intellections d’une fécondité heuristique considérable. Plus qu’un simple endroit de stockage d’œuvres d’art et de contemplation artistique, le ‘Penc 1.9’ se veut surtout un espace pour revisiter nos humanités», déclare-t-il.
«Un espace pour revisiter nos humanités»
Il a expliqué le choix de le baptiser «Penc 1.9 » qui désigne un espace de discussion en wolof. «1.9» est la transcription en chiffres de l’expression «Quelle humanité pour demain». «Quand on voit toutes les violences dont l’actualité n’est pas avare, les valeurs, sociales et traditionnelles, il faut se poser la question quelle humanité pour demain», souligne le maître des lieux. Et d’estimer que «Penc 1.9» est «un viatique au service de l’humanité. Un lieu qui va servir à revisiter nos humanités».
Prenant la parole, l’ambassadeur d’Allemagne, Stephan Roke note que cet espace donne une large place au dialogue. Et il a insisté ainsi sur l’importance de la connaissance de l’autre, une dynamique que son pays a fortement impulsée dans au Sénégal en contribuant à faire connaître et faire dialoguer les cultures allemandes et sénégalaises entre elles à travers un programme de coopération dynamique.
Dans le même sillage le commissaire permanant de l’exposition du «Penc 1.9», le Pr Maguèye Kassé salue des liens qui remontent aux années 60. «Aujourd’hui, le ‘Penc 1.9’ se veut un espace multiculturel dédié au théâtre, au cinéma et aux arts plastiques».
Avec Adama Aidara KANTE Voxpop


